La spéculation s'en prend à la livre sterling

Une monnaie chasse l'autre. Le dollar a contenu sa baisse en fin de semaine, après avoir chuté à ses plus bas niveaux depuis un an face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, notamment à 1,4767 pour 1 euro. Pour bon nombre d'experts cités par l'agence Reuters, les jours des stratégies de portage sur le dollar, qui ne remontent qu'à la fin août, seraient comptés : à la reprise de près de 3 % de l'euro face au dollar depuis le début septembre, succéderait une période de consolidation, voire de correction, surtout si les marchés boursiers stoppent leur course en avant. Les acteurs du marché des changes jugeraient déjà l'environnement monétaire beaucoup trop incertain pour continuer à jouer impunément sur les écarts de taux entre celle qui est encore la monnaie internationale et les devises à hauts rendements.Mais le marché des changes, ne s'offrant pas de répit, s'est déjà trouvé un nouveau bouc émissaire, qui n'est autre que la monnaie la plus volatile du monde, la livre sterling. La monnaie de Sa Majesté a dérivé vendredi à son plus faible cours depuis quatre mois vis-à-vis de l'euro, refranchissant le seuil de 0,90, soit un repli de 5,5 % en un mois. La livre a également connu sa plus brutale chute depuis un mois face au dollar, pour refluer jusqu'à 1,6250. Les spéculateurs ont mis le sterling dans leur ligne de mire à la suite d'informations laissant entendre que le système bancaire britannique peinait à se purger de ses actifs toxiques. En première ligne, le géant des prêts hypothécaires d'Albion, Lloyds Banking Group, qui aurait abandonné son projet de retrait du programme de protection de l'État, faute d'avoir pu lever suffisamment de capitaux. Si on ajoute le record annoncé vendredi du déficit budgétaire britannique, la livre risque de devoir affronter une nouvelle vague d'attaques spéculatives. la pression monteIl est prématuré de prédire un nouveau naufrage, à l'instar de celui qui avait entraîné la monnaie britannique à proximité immédiate de la parité avec l'euro dans les derniers jours de décembre 2008, mais la pression commence déjà à monter. Certains économistes annoncent qu'elle va succéder au yen et au franc suisse et tout récemment au dollar en tant que véhicule privilégié des stratégies de « carry trade ». Leur argument : alors que au cours des dix premières années d'existence de l'euro, la livre a toujours été assortie d'une rémunération supérieure à celle servie sur la monnaie unique, elle offre des rendements inférieurs depuis janvier 2009, date à laquelle la Banque d'Angleterre a abaissé son taux directeur à 1,5 %, avant de le réduire à 0,5 % en mars, alors que la BCE maintient le sien à 1 % depuis mai dernier. Il s'agit là de la rupture d'une tendance bien enracinée : la livre avait toujours fait jusqu'à une époque récente partie des monnaies à hauts rendements. Elle devient une devise à hauts risques.
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