Exposition

Certains, à défaut de génie, avaient du talent. Mais tous possédaient une manière de vivre l'art et le quotidien avec élégance et provocation, mettant à mal les conventions artistiques et sociales de ce début de XXe siècle. L'amour, ils s'en amusaient. L'homosexualité y jouait les Cupidon, en toute liberté. Jeunes filles et jeunes hommes de bonne famille, ils étaient tous issus de Cambridge et se regroupèrent dans un quartier de Londres qui n'était pas des plus chics : Bloomsbury, d'où le nom de leur groupe.D'un côté, il y avait les littéraires avec, en tête, Forster, Eliott, Russel, Huxley et, bien sûr, Virginia Woolf? De l'autre, des peintres, des sculpteurs, des précurseurs de l'art décoratif. Nouvelle génération guidée par le critique d'art Roger Fry, Duncan Grant et Vanessa Bell, soeur de Virginia. Ces derniers font aujourd'hui l'objet d'une exposition à La Piscine de Roubaix. Un regard pertinent sur un mouvement presque inconnu en France, mais dont les témoignages montrent qu'il fut plus dérangeant qu'il n'y paraît. Liberté de peindreAu départ, s'il y a une réaction contre le conformisme qui règne en Angleterre, les « Bloomsbury » sont plus influencés par le postimpressionnisme français qu'ils découvrent au début des années 1910. Ils s'emparent de cette liberté de peindre pour laisser place au plaisir, à la jouissance même de créer. D'autant qu'ils vivent et aiment ensemble. En autarcie. Le groupe va même se retrouver dans une maison de campagne à Charleston dans le Sussex. Au jour le jour, de désir en passion, chacun va apporter sa touche personnelle et artistique au lieu, peignant des fresques sur les murs, décorant les cheminées, les meubles ou imaginant des objets. Témoignages que l'on peut toujours voir aujourd'hui et dont l'exposition nous propose quelques oeuvres. Armoires, tapis, vaisselles, céramiques. Grant crée même d'étonnants tissus. Remarqué par le metteur en scène français Jacques Copeau, il réalisera les costumes de « la Nuit des rois » à Paris et « Pelléas et Mélisande » à New York. Mais celle qui se distingue, étonne par sa peinture, c'est surtout Vanessa Bell. La figuration y rôde toujours autour de l'abstraction et la couleur jaillit là où elle devrait se cacher. Ses oeuvres rayonnent d'un véritable mystère.Jean-Louis PinteLa Piscine, 24, rue des Champs 59100 Roubaix. Tél. : 03.20.69.23.60. Jusqu'au 28 février.
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