Quand Paul Krugman fustige le néorigorisme européen

« Soudain, ce n'est plus à la mode de créer des emplois, et c'est à la mode d'infliger de la souffrance. Le nouvel air du temps universel, c'est de condamner les déficits et de refuser de soutenir une économie toujours chancelante [...]. De nombreux économistes, parmi lesquels je me compte, considèrent ce retour à l'austérité comme une énorme erreur. Cela rappelle 1937, lorsque Roosevelt a précipité une économie en reprise dans la récession, avec ses tentatives prématurées pour équilibrer le budget [...]. Quelle est la logique économique, derrière ces actions gouvernementales ? Je crains bien qu'il n'y en ait aucune. Demandez à un officiel allemand d'expliquer pourquoi il a besoin d'imposer l'austérité à une économie déprimée, et vous aurez des explications qui ne tiennent pas la route. Pointez cette insuffisance, et d'autres explications surgiront, tout aussi peu convaincantes. Parler déficit avec un Allemand, c'est un peu comme parler avec un « faucon » américain lors de la guerre d'Irak : ils savent ce qu'ils veulent faire, et à chaque fois qu'on réfute un de leurs arguments, ils reviennent avec un nouveau. [...]. Comme les avocats de l'austérité se posent en réalistes à la tête froide, faisant ce qu'il y a à faire, ils ne peuvent et ne veulent pas se justifier avec des chiffres - en fait, les chiffres ne jouent pas en leur faveur. Ils ne peuvent pas davantage dire que ce sont les marchés qui réclament l'austérité. Au contraire, le gouvernement allemand emprunte à des taux d'intérêt au ras des pâquerettes. [...]. Il y aura bien sûr un prix à tout cela. Mais l'Allemagne ne le paiera qu'en partie : l'austérité allemande va aggraver la crise dans la zone euro, rendant plus difficile la reprise en Espagne et dans les autres pays en difficulté. Et les problèmes de l'Europe vont affaiblir l'euro, ce qui va paradoxalement aider les exportations industrielles allemandes et transférer les problèmes dans le monde entier [...]. Allons-nous vraiment vers 1937 ? Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que les politiques économiques ont pris une très mauvaise direction, et que les chances pour que se produise une longue crise augmentent de jour en jour. » (traduit par F. L.)
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