La Côte d'Ivoire fait flamber le cours du cacao

matières premièresIls n'étaient qu'une vingtaine représentants de l'Organisation des producteurs agricoles (OPA), hier devant le Sénat ivoirien d'Abidjan, à réclamer des subventions pour la filière cacao. Pourtant, le mouvement de protestation qui sourde chez les agriculteurs ivoiriens, producteurs de 43 % des fèves consommées dans le monde, enflamme le marché à terme. À Londres, la tonne de cacao a grimpé de 30 % cette année, et cotait 2.149 livres sterling hier. Même topo à New York, ou le kilo de cacao a touché hier un plus-haut depuis près de trente ans, à 3,38 dollars la tonne sur l'Intercontinental ExchangeÀ l'approche de l'élection présidentielle maintes fois repoussées, qui pourraient avoir lieu le 29 novembre prochain, le marché du cacao a conscience du risque qui plane sur la récolte. Principal syndicat ivoirien de fermiers, l'OPA, qui regroupe près d'un quart des coopératives du pays, a aussi réclamé la démission de Gilbert N'Guessan, le tout puissant dirigeant du comité de gestion de la filière cacao et café. La grève des livraisons, voire la destruction des récoltes est aussi évoquée. La désorganisation de la filière cacao n'est pas récente, mais ses conséquences sont de plus en plus concrètes. Alors que les fermiers se tournent vers l'hévéa ou le palmier à huile, le cru ivoirien de cacao 2009 devrait être inférieur de 15 % à celui de l'année précédente : les cacaoyers se font trop âgés, et faute d'engrais, la qualité de la production est insuffisante. Les paysans ivoiriens ne récupèrent que 12 % du prix de vente international de leur cacao, notamment en raison des taxes. « Avec moi, on ne verra pas ça », a promis cette semaine le président ivoirien, Laurent Gbagbo ? qui dirige le pays depuis neuf ans et brigue sa propre succession.records à venir« Pour l'instant, les problèmes de livraison ne se font pas trop sentir sur le march頻, estime pour sa part Ricardo Santos, responsable des dérivés de soft commodities chez Fortis BNP à Londres. L'expert n'écarte toutefois pas la possibilité de nouveaux records dans les jours qui viennent, notamment pour des raisons techniques : le marché est relativement peu liquide à Londres, et les stocks de cacao sont concentrés entre les mains de quelques acteurs qui devraient, logiquement, refuser de s'en délester tant que la visibilité reste faible.En plus des élections ivoiriennes, le marché du cacao traverse une période d'incertitudes en raison des hésitations de la demande, qui se traduit par des statistiques de broyage modestes. De nombreux intervenants de la filière, mais aussi des spéculateurs, comptent pourtant sur une prolongation du déficit de fèves. Car les nouveaux entrants sur le marché du cacao comme l'Indonésie ou le Ghana peinent à compenser la déchéance de la production ivoirienne. En 2009, le déficit global représentera 38.000 tonnes, et un redémarrage rapide de la demande qui semble déjà se matérialiser, si l'on en croit les bons résultats de Cadbury publiés hier, accentuera ce déséquilibre en 2010. Une démonstration qui attire aussi de nouveaux participants sur la matière première : alors que les hedge-funds sont présents de longue date sur le segment de marché, « on voit de plus en plus de fonds s'intéresser au cacao, ce qui favorise la hausse des cours », estime Jim Green, trader chez Olam, un des premiers négociants en cacao. nEn 2009, le déficit global représentera 38.000 tonnes de fèves. Des spéculateurs pensent que ce déficit se prolongera.
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