L'hypothèse d'une dégradation de la note de la France est peu crédible

C'était l'une des raisons de l'inflexibilité du gouvernement sur le dossier des retraites. Afin d'écarter le risque de voir la note de la France dégradée, l'exécutif devait témoigner aux agences de notation internationales (Standard & Poor's, Moody's et Fitch notamment) de sa capacité à réformer pour redresser la situation des finances publiques. La réforme adoptée, cette menace de voir cette note abaissée, et donc le coût auquel l'Etat français finance sa dette souveraine augmenter, est-elle écartée ? Les avis des économistes divergent. Pour l'économiste américain Nouriel Roubini les finances publiques de la France ne sont pas «en bien meilleur état» que celles de la Grèce ou l'Irlande. « Au regard de l'état des comptes publics de la France, l'éventualité (d'une baisse) est envisageable. La seule raison pour laquelle les agences n'ont pas encore revu leur jugement sur la capacité de la France à honorer sa dette réside dans le fait qu'elle a toujours honoré ses engagements », explique Christian Saint-Etienne. C'est en effet le cas depuis le 13 juillet 1789. Depuis ce jour où l'ancienne assemblée des États généraux, devenue Assemblée nationale constituante, a proclamé le caractère sacré des créances de l'État, la France est solvable (lire « La Tribune » du 23 juillet). Contagion« Cette note restera maximale [AAA] si la France tient ses engagements en matière de réduction des déficits, notamment via la prochaine réforme fiscale », prévient Padhraic Garvey chez ING Groep NV. « D'autres pays sont aujourd'hui plus menacés par une dégradation potentielle de leur rating, comme l'Irlande ou le Portugal », relativise Patrick Jacq, chez BNP Paribas. Un effet de contagion est-il envisageable ? « Il est est limité et circonscrit, en raison d'une exposition de plus en plus faible de la France sur les pays en crise », répond l'économiste.Plus pragmatique, Xavier Timbeau, à l'OFCE, estime simplement que le poids de la France dans le système financier international rend cette hypothèse peu crédible. « Si sa note devait être abaissée, celles de ses voisins, dont la situation des finances publiques est souvent plus préoccupante, le seraient également par réaction en chaîne. Le système financier mondial ne supporterait pas un tel choc. »On a froid dans le dos... Pour détendre l'atmosphère, même si ce sont les ménages qui financent la plus grande partie de leur dette nationale, on peut rappeler que le Japon, dont la note est plus basse (AA) que celle de la France, n'a pas de problème pour financer sa dette colossale, proche de 200 % du PIB. « Si la note de la France devait être dégradée, après un choc temporaire sur le coût de financement de sa dette, celui-ci s'abaisserait rapidement », avance Patrick Jacq. Fabien Piliu
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