L'ABÉCÉDAIRE DU VAMPIRE DU MILIEU

Acier. Pour répondre aux besoins de sa révolution industrielle et urbaine, la Chine a des besoins énormes d'acier pour ses infrastructures et son secteur automobile. Elle en est donc à la fois le premier producteur et le premier consommateur mondial. Elle sort bon an mal an de ses fours sidérurgiques plus de 500 millions de tonnes, soit près de 40 % de la production mondiale. Cette industrie géante pose d'ailleurs de sérieux problèmes en termes de surcapacités. Le gouvernement tente depuis plusieurs années de réguler le secteur en procédant à une consolidation autour de quelques groupes comme le numéro un local Baosteel qui, dans le classement des groupes sidérurgiques, n'arrive qu'en 5e position. Ail. La production mondiale de ce condiment, célèbre depuis l'Antiquité pour ses vertus thérapeutiques, est à près de 75 % issue de terres chinoises. C'est précisément cette caractéristique qui lui a valu de voir son prix multiplié par? 40 à la fin de l'année dernière, au plus fort de l'épidémie de la grippe H1N1, aidé par la spéculation de quelques négociants astucieux qui ont spéculé sur le marché. Automobile. L'année dernière, la Chine est devenue le premier marché d'automobiles de la planète devant les États-Unis. La performance est remarquable dans la mesure où le gouvernement américain a appliqué des mesures du type « prime à la casse » pour soutenir un marché devenu difficile en raison de la crise économique. Mais en Chine, la vague est trop importante. Le nombre de véhicules a augmenté de 46 % par rapport à 2008 pour atteindre 13,6 millions de véhicules. Autre indice du phénomène, 60 % des acquéreurs chinois en 2009 achetaient un véhicule pour la première fois. Capitalisation. Outre Petrochina, la Chine est parvenue à hisser en l'espace d'une décennie plusieurs groupes au « top ten » des dix plus gros groupes mondiaux, en termes de capitalisation boursière. Selon les dernniers classements, outre le géant pétrolier, l'empire du Milieu compte à son palmarès deux mastodontes bancaires cotés à Hong Kong. Il s'agit d'Industrial & Commercial Bank of China qui, avec une capitalisation de 249 milliards de dollars, se classe à la quatrième place derrière Exxon, Microsoft et China Construction Bank (187 milliards de dollars). Cette dernière est le huitième plus important groupe de la finance mondiale. CO2. Portée par sa vigoureuse croissance depuis deux décennies, la Chine est devenue il y a deux ans le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les États-Unis. Et ses besoins dévorants d'énergie ne sont pas près de se tarir. Le pays vient de pulvériser son objectif de croissance pour 2009 en franchissant le seuil de 8 % de hausse du PIB, condition pour le régime au pouvoir de conserver une certaine légitimité auprès de sa population. Mais cette image de voracité énergétique doit être nuancée : en moyenne, un Chinois n'émet qu'environ 5 tonnes de CO2 contre quatre fois plus pour un Américain et deux fois plus pour un Européen. Contrefaçon. Dans l'Union européenne, 79 % des produits saisis aux douanes sont estampillés « made in China ». Des disques optiques aux contraceptifs (un tiers des 2 milliards de préservatifs utilisés chaque année en Chine sont des produits piratés !), la Chine est l'usine à copier du monde. Dans le domaine high-tech, l'organisation américaine Business Software Alliance estime, dans son rapport annuel 2009, que près de 80 % des logiciels utilisés en Chine sont piratés? Seule petite note d'espoir, ce taux de piratage a été réduit de 10 points en quelques années, grâce notamment aux efforts du gouvernement chinois en matière de propriété intellectuelle. Mais la facture de ce piratage, tous produits confondus, reste salée pour les entreprises occidentales, approchant 60 milliards de dollars par an, selon des évaluations européennes et américaines. Croissance. La République populaire est le pays dont l'économie se développe le plus rapidement à travers le monde, avec une croissance moyenne de 9,7 % par an au cours des deux dernières décennies. Certains spécialistes la voient même à un taux supérieur à 10 %. Et cela ne devrait pas changer dans un proche avenir. Malgré la crise, elle enregistre un taux de 8,7 % en 2009, et les projections sont à plus de 10 % cette année. C'est d'ailleurs une préoccupation constante des autorités que de veiller à ce que la machine ne s'emballe pas en évitant la surchauffe, qui se double d'un développement déséquilibré entre les riches provinces côtières et les provinces intérieures. Diplômés. Même si les universités chinoises n'ont pas encore acquis la réputation d'Harvard, Chicago, Cambridge ou Normal sup, il n'en reste pas moins que le nombre de diplômés sortant des établissements chinois est le plus important du monde. Selon l'Unesco, la Chine a désormais deux fois plus de diplômés que les États-Unis, qui furent pendant longtemps le leader en la matière. En 2006, ils étaient 2,4 millions à obtenir un diplôme universitaire, ce qui équivaut au nombre cumulé de diplômés aux États-Unis (1,4 million), au Japon (0,6 million) et en France (0,3 million). Une tendance qui ne va faire que se renforcer, le gouvernement chinois ayant annoncé en début d'année vouloir consacrer davantage d'argent à l'éducation. Énergie. Avec des besoins gigantestiques en énergie, particulièrement en pétrole, la Chine n'aura pas tardé à mettre sur pied un mastodonte. Depuis sa création en 1999, Petrochina est devenue la première compagnie pétrolière mondiale. Cotée à Shanghai depuis 2007, elle a détrôné Exxon Mobil comme première capitalisation boursière mondiale, avec 336 milliards de dollars. Paradoxalement, ce n'est pas grâce à son marché domestique que Petrochina est devenu un géant, mais grâce aux abondantes liquidités offertes par le gouvernement qui lui permet de mener une politique d'acquisitions tous azimuts, dans les sables bitumineux au Canada ou dans le gaz naturel en Australie. Exportations. C'est l'un des derniers succès, acquis en ce début d'année. À la faveur de la crise, la Chine dame le pion à l'Allemagne comme premier pays exportateur mondial, en ayant vendu hors de ses frontières pour 1.200 milliards de dollars (849 milliards d'euros) de marchandises, concourant à dégager une balance commerciale excédentaire de 195 milliards de dollars (138 milliards d'euros) . Toutefois, nombre d'observateurs jugent que cette performance est dopée par un yuan sous-évalué et de larges subventions publiques. Et elle reste fragile car reposant sur des produits (textiles, jouets, meubles, chaussures?) à faible valeur ajoutée. Internautes. Le récent différend entre Google et Pékin a montré combien l'enjeu de l'accès à Internet est devenu essentiel. La population des internautes chinois est en train de devenir la plus importante du monde, devant celle des États-Unis. À la fin du mois de juin 2009, ils étaient 384 millions à surfer, avec des taux de progression qui tournent autour de 40 % l'an. Aux États-Unis, le nombre d'internautes s'élève à 220 millions et dans le monde à 1,7 milliard. Étroitement surveillée par le pouvoir, la Toile chinoise est surtout sollicitée pour jouer, pour la musique et pour trouver de l'information. Parti politique. Le nombre d'adhérents au Parti communiste chinois a de quoi faire pâlir d'envie tout secrétaire d'une formation politique avec plus de 70 millions de membres. Fondé en 1921, longtemps dirigé par Mao Zedong, il a accédé au pouvoir en 1949, établissant le régime d'une république populaire. De fait, le parti exerce le pouvoir à tous les échelons de la société. C'est à partir de 1978, sous l'influence de Deng Xiaoping, que les réformes, en particulier économiques, vont connaître une accélération. Devenir membre du parti n'est toutefois pas une simple formalité. Cela se mérite, car cette appartenance offre des avantages matériels, comme celui de trouver un bon travail. Population. La Chine est le pays le plus peuplé du monde, avec près de 1,4 milliard d'habitants, soit un cinquième de l'humanité, devant l'Inde qui compte 1,1 milliard d'habitants. Chaque année, le pays voit sa population augmenter de 18 millions de personnes, soit l'équivalent d'une Australie. Cette démographie galopante, malgré une politique autoritaire pour la freiner, celle de l'enfant unique, est le résultat d'une meilleure politique sanitaire ces dernières décennies. Pour autant, la Chine pourrait perdre son leadership à l'horizon 2030 au profit de l'Inde, en raison d'une population vieillissante. Renouvelable. C'est l'un des paradoxes chinois. Alors que le pays se dispute avec les États-Unis la place de premier émetteur de la planète en matière d'émission de CO2, cela fait désormais quelque temps qu'il est devenu leader dans le secteur des énergies renouvelables. Particulièrement dans le photovoltaïque, puisque 50 % des panneaux solaires produits dans le monde proviennent de Chine. Une part qui devrait être portée à 70 % à l'horizon 2012. Trois leaders locaux de dimension mondiale ont émergé : Suntech, Yingli et Trinasolar. Par ailleurs, partie avec un peu de retard dans l'éolien, la Chine devrait avoir le leadership dans les prochaines années. À elle seule, elle constitue le plus gros marché mondial, avec 30 % de capacités installées l'an dernier dans le monde. D'ores et déjà, pas moins de 70 sociétés fabriquent des turbines éoliennes parmi lesquelles les grands noms de demain Dongfang Electric, Goldwind ou encore Sinovel. Réserves de change. Dans les coffres de la banque centrale de Chine reposent les plus importantes réserves de change de la planète, avec une part de 30,8 %. À la fin du mois de décembre, leur montant atteignait 2.399 milliards de dollars, dont une large part en bons du Trésor américain. Si la majorité de ces actifs sont libellés en dollars, la part de l'euro progresse ainsi que la part de l'or métal. Autre indice de cette lame de fond, en un an, elles ont progressé de 23,3 %. Riz. La Chine est le premier producteur de riz, longtemps le plat de base traditionnel, avec 30 % de la production mondiale, soit près de 200 millions de tonnes. Mao avait fait de l'autosuffisance en riz un objectif, qu'il a atteint. Récemment, avec l'occidentalisation des modes de vie, les Chinois, en particulier la classe moyenne, mangent moins de riz. Après avoir atteint 135,5 millions en 2001, la consommation est retombée à 127 millions de tonnes en 2008. Téléphonie mobile. Le marché chinois est désormais le plus important au monde, avec près de 700 millions d'utilisateurs, et aussi pour la production de téléphones mobiles du produit de base au smartphone. Le marché chinois est d'autant plus porteur que le potentiel de clients dans les régions rurales reste important. Dans leur plan de relance pour faire face à la crise économique mondiale, les autorités ont prévu des aides aux populations rurales pour qu'elles puissent s'équiper en appareils électriques et électroniques. Vaccins. Avec plus d'un milliard de doses fabriquées annuellement, la Chine est devenue le leader du secteur en volume. Actuellement, 41 vaccins sont élaborés pour combattre 26 sortes de virus. Trente-trois laboratoires locaux concourent à cette production. Les autorités sanitaires viennent d'annoncer que dans le cadre de sa politique de santé, la population serait prochainement vaccinée contre 15 virus au lieu de 7 auparavant.
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