Crise  : les voies pour s'en sortir par le haut

Fini les livres sur la crise, place aux réflexions sur la sortie de crise. Ou plutôt sur les sorties de crise, tant les voies pour retrouver le chemin d'une croissance stable et durable semblent encore confuses et diverses. C'est en tout cas le parti pris de Patrick Artus et d'Olivier Pastré dans leur dernier ouvrage.Premier credo, « la crise n'est pas finie », affirment les deux compères, douchant l'enthousiasme de ceux qui voient dans la remontée des indices boursiers la preuve que le monde peut redevenir comme avant. La thèse des auteurs est la suivante : nous vivons une crise systémique dont les causes profondes, le déséquilibre macroéconomique États-Unis-Chine, n'ont pas été réglées. La gravité de cette crise, dont nous n'avons vécu que la phase financière, certes spectaculaire, dépendra de la manière dont sera gérée la sortie de crise. En clair, même si c'est sans doute utile, « ce n'est pas en régulant les bonus des traders et en disciplinant un peu mieux les paradis fiscaux que l'on préparera l'après-crise ».Pour s'en sortir, il faut élaborer une stratégie coopérative entre le monde développé et le monde émergent. « À ce jour, les principales mesures prises, dans le domaine financier au moins, relèvent du simple replâtrage. » Le risque, et c'est la thèse centrale du livre, est que la situation actuelle « dégénère dans un équilibre non coopératif où tous les pays prennent des mesures protectionnistes ». Malgré des tentatives, ici ou là, ce danger a pour l'instant été évité. Mais le visage du protectionnisme a changé. De nouvelles formes, plus insidieuses que sa dimension commerciale, apparaissent. Le protectionnisme du XXIe siècle est monétaire, budgétaire, s'habille aux couleurs des normes industrielles, sociales et environnementales.Cette dérive protectionniste, qu'il faut absolument éviter si l'on ne veut pas connaître les tensions politiques et sociales des années 1930, n'est pas une fatalité. Contrairement à ceux qui parient sur un affaiblissement inéluctable des États-Unis, Artus et Pastré sont convaincus que la sortie par le haut et le retour de la croissance passeront par le rétablissement du leadership américain. Pour qu'un plan de relance concerté mondial fonctionne, il ne faut pas compter que sur l'Asie. Il faudra aussi un nouveau New Deal, une troisième révolution industrielle américaine, avec trois volets : la santé, les infrastructures et l'environnement, trois sujets qui sont au c?ur du projet de Barack Obama. Philippe Mabille « Sorties de crise », Patrick Artus, Olivier Pastré. Éditions Perrin, 330 pages, 18 euros.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.