Les scandales de détournement de fonds provoquent une paralysie politique en Inde

Chaque jour apporte son lot de nouvelles révélations. Trois affaires d'envergure qui, sans être liées, confirment que la corruption reste l'un des problèmes majeurs de la plus grande démocratie du monde. Première secousse, les accusations de corruption autour des jeux du Commonwealth le mois dernier. Une première pour l'Inde. Ce devait être le symbole de la montée en puissance du pays, mais les organisateurs sont accusés de détournement de dizaines de millions de dollars. Une affaire dont le gouvernement du Premier ministre Manmohan Singh se serait bien passé, d'autant qu'un autre scandale gonfle, impliquant également des membres de son parti, le Congrès. Apres Delhi, la capitale, c'est au tour de Bombay, le poumon économique, de concentrer l'attention du pays. Dans l'un des quartiers les plus huppés de la mégapole, Colaba, la région a donné son accord pour la construction d'un immeuble de 31 étages censé abriter vétérans et veuves de guerres, mais en fait occupé par des politiciens et autres notables. Le parti du Congrès, qui souhaitait que la récente visite du président Obama à Bombay soit un succès, gagna du temps. Mais une fois les festivités achevées, Sonia Gandhi, qui dirige la coalition au pouvoir, a évincé le chef de la région du Maharashtra, dont Bombay est la capitale. « Les indiens sont devenus cyniques et attendent de voir si cette fois la justice ira jusqu'au bout. Mais il y a fort à parier que la crise politique s'amplifie et menace la stabilité du gouvernement », confie Aniruddha Bahal, journaliste indien, en première ligne dans le combat anti corruption.Commission d'enquête exigéeCar, pour couronner le tout, le pays a découvert ces derniers jours que le ministre des Télécoms a bradé en 2008 les licences de téléphonie mobile 2G, causant une perte de près de 40 milliards de dollars ! Le ministre, Aniradu Raja, a été débarqué. Mais le mal est fait et le Premier ministre, pourtant réputé pour sa droiture, se trouve désormais sommé de s'expliquer devant la Cour suprême. Une première dans l'histoire de l'Inde. La Cour veut en effet savoir pourquoi Manmohan Singh n'a pas répondu plus rapidement à une requête d'enquête pour l'attribution de ces licences de deuxième génération. Lundi les juges se sont aussi étonnés de la nomination comme chef de la Commission anti corruption d'un haut fonctionnaire impliqué dans un scandale de fraude à l'huile de palme.Entre-temps, l'opposition bloque depuis dix jours les travaux du Parlement en exigeant une commission d'enquête en bonne et due forme sur l'affaire des licences 2G. Benjamin Ramet, à Bombay
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