Nicolas Sarkozy poursuit l'ouverture avant les régionales

C'est un geste fort d'ouverture intellectuelle et politique, qui, à ma connaissance, ne comporte en ce domaine aucun précédent. Il est à porter au crédit du président de la République. » C'est en ces termes que l'ancien ministre PS Jack Lang a salué, mardi, la nomination en conseil des ministres du socialiste Didier Migaud à la présidence de la Cour des comptes. Moins lyrique, Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, a évoqué « un choix historique ».Non content de jouer là un coup politique, Nicolas Sarkozy devrait pousser son avantage avec la nomination, ce mercredi, de l'ex-PS Michel Charasse au Conseil constitutionnel, aux côtés de l'UMP Hubert Haenel et du centriste Jacques Barrot, respectivement désignés par le président du Sénat et celui de l'Assemblée nationale. Le prochain remplacement de Louis Schweitzer à la tête de la Halde, début mars, pourrait constituer un nouveau signal d'ouverture. « La démocratie irréprochable, ce n'est pas une démocratie où les nominations se décident en fonction des connivences et des amitiés, mais en fonction des compétences. [...] Le fait du prince n'est pas compatible avec la république irréprochable. » Ainsi s'exprimait Nicolas Sarkozy au début de son mandat. Pour donner corps à ses propos, il a fait inscrire dans la réforme constitutionnelle de 2008 la possibilité pour les parlementaires de mettre leur veto aux choix présidentiels. Une disposition qui attend encore sa traduction législative.DéstabilisationMais tout en clamant son désir de procéder à des choix incontestables, Nicolas Sarkozy s'est servi de son pouvoir de nomination dans le cadre de l'ouverture menée pour déstabiliser la gauche et brouiller les frontières politiques. Cela a commencé par les ministres venus des rangs du PS, Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel, Éric Besson, ou encore Martin Hirsch. S'il n'a jamais déclaré sa flamme socialiste, Frédéric Mitterrand est le symbole d'une ouverture « patronymique ». Et si Jack Lang n'a pas rejoint le gouvernement, ce n'est pas faute d'avoir fait des offres de service. Sarkozy l'a cependant promu émissaire personnel à Cuba et en Corée pour réchauffer les relations diplomatiques.L'Élysée a poursuivi sa stratégie de brouillage en soutenant la candidature de Dominique Strauss-Kahn au FMI. L'ancien Premier ministre Michel Rocard a, lui, été promu ambassadeur chargé des pôles, avant de se voir confier la présidence du comité d'experts sur la taxe carbone, puis la co-direction de la commission du grand emprunt. Ancien collaborateur de Lionel Jospin, proche de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet a été porté à la tête de l'Autorité des marchés financiers après avoir quitté son poste de secrétaire d'État aux Affaires européennes.L'Élysée a également soutenu le nom de Guillaume Pépy, ancien directeur de cabinet de Martine Aubry au ministère Travail, pour la présidence de la SNCF. Plus récemment, c'est avec le soutien du président que l'ancien ministre rocardien des Affaires sociales, Claude Évin, a été désigné comme président de l'Agence régionale de santé d'Île-de-France. Dans les médias, l'ouverture élyséenne s'est traduite par le choix de Christine Ockrent à la tête de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), et surtout de l'ancien patron de « Charlie Hebdo », Philippe Val, à la direction France Inter.Tous ces « débauchages » ont-ils finalement servi politiquement Nicolas Sarkozy ? Rien n'est moins sûr. « À force d'ouvrir, on attrape des courants d'air », a ironisé, mardi, le député UMP Jacques Le Guen. On se rappelle également la sortie de Patrick Devedjian, alors patron de l'UMP : « Oui à l'ouverture, y compris aux sarkozystes. » Mais, au plus bas dans les sondages, le président doit donner l'impression de reprendre la main.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.