Quand la SNCF n'a pas les moyens de ses ambitions

Ce n'était sans doute pas le bon moment pour la SNCF... Pourtant, c'est bien la compagnie française qui avait inititié, au début de cette année, des négociations avec le groupe de transports publics britannique Arriva. Mais, au fibal, c'est sa grande rivale, la Deutsche Bahn qui devrait remporter la mise. La compagnie allemande a annoncé jeudi avoir trouvé un accord avec le conseil d'administration d'Arriva sur les termes d'une offre publique d'achat amicale. Et ce, pour un montant total qui pourrait atteindre 2,8 milliards d'euros : 1,8 milliard pour le rachat des titres (775 pence par action) et un milliard environ de reprise de dettes. Hors de prixA ce tarif, peu de chances que la SNCF tente de surenchérir, même si le patron d'Arriva, David Martin, a indiqué jeudi que « n'importe qui peut faire une offre à tout moment ». « La société est hors de prix, les Allemands paient cher pour cette opération. Ce serait une folie financière pour la SNCF, dont l'endettement est très élevé, de faire une surenchère » souligne un expert. De fait, le prix offert représente une prime de 34% par rapport au cours de Bourse d' Arriva à la mi-mars, avant que celui-ci ne révèle avoir été approché par un acquéreur potentiel.Même au Parlement allemand le patron de la Deutsche Bahn, Rudiger Grube, a été contraint de s'expliquer sur cette "folie des grandeurs", alors que la dette de son groupe tourne déjà autour de 15 milliards d'euros.La Deutsche Bahn, qui n'a pas tardé à s'intéresser au dossier une fois les négociations rompues entre la SNCF et Arriva, réalise ainsi la plus importante acquisition de son histoire. Elle va conforter ses positions à l'international et lui permettre de vraiment se doter d'un réseau urbain et périurbain, ce qu'elle n'avait pas jusqu'à présent, selon un observateur. Double peinePour la SNCF, c'est un peu la double peine. Car, arrimé à la puissante Deutsche Bahn, Arriva (autour de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires) va sans doute devenir un concurrent plus dangereux qu'avant pour Keolis, la filiale que la SNCF voulait marier avec le britannique. « Et aussi pour le futur tandem Veolia Transport-Transdev » souligne ce même observateur. « C'est dommage pour la SNCF mais le dossier Arriva est arrivé trop tôt » indique un expert. La SNCF vient effectivement de se renforcer dans Keolis, en passant de 45,4 % du capital à 56 %, et après lui avoir apporté les parkings Effia.DilutionLe rapprochement entre Arriva et la filiale de la SNCF aurait certes apporté beaucoup de complémentarités. Mais il aurait aussi entraîné une dilution du capital et fait perdre à l'opérateur français la majorité. Un schéma qui n'aurait pas plu au directeur financier de la SNCF, David Azéma. « La SNCF a également d'autres investissements à faire » indique un bon connaisseur de l'entreprise. Dans un environnement marqué par la course à la croissance et par une concentration importante, Keolis, qui doit avoir un ancrage européen, aura probablement d'autres opportunités pour croître.
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