L'éditorial de Olivier Provost

Le parallèle est tentant même s'il est encore un peu trompeur. Une majorité d'ouvriers de Fiat à Pomigliano, près de Naples, viennent de renoncer à des avantages pour sauver leur emploi et leur usine. Au même moment, les grèves se multiplient en Chine chez des sous-traitants de grandes firmes étrangères, notamment des constructeurs automobiles, afin d'obtenir de meilleures conditions de salaire et de travail. Compte tenu des écarts entre les uns et les autres, leur situation ne se rejoindra pas avant des années, voire des décennies. Un phénomène que l'on a déjà connu en un quart de siècle au Japon ou en Corée du Sud. Mais la tendance est là. La Chine s'enrichit et ses salariés veulent leur part du gâteau et du confort qui doit aller avec. Alors que l'Occident et particulièrement l'Europe n'avancent plus qu'au ralenti et demandent au bourreau encore quelques minutes, quelques jours, quelques années de bien-être. Attention toutefois à la caricature. La scène de Fiat a beau se passer dans la partie pauvre du pays, on n'est pas encore chez Zola. Les ouvriers italiens acceptent plus de flexibilité dans les horaires de travail, des limitations au droit de grève et à l'indemnisation des arrêts maladie, notamment en cas d'abus avérés. Ce n'est pas négligeable au pays de la « cassa integrazione », le chômage technique ultra-protecteur érigé en système. Mais même une fois ces efforts consentis, leurs conditions de travail et de salaire ressembleront encore au paradis pour les ouvriers de Shenzhen ou de Chongqing. À ceci près que, désormais, ce n'est plus un paradis inaccessible. Alors que pour les salariés européens, leur ex-paradis devient peu à peu un purgatoire. [email protected]
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