Nicolas Sarkozy face au test politique majeur du quinquennat

Nicolas Sarkozy en est convaincu. La réforme des retraites, et surtout le report de l'âge légal de 60 à 62 ans, va provoquer un mouvement social qui peut gagner en ampleur à la rentrée de septembre. Mais le chef de l'État, qui joue le « marqueur » de son quinquennat, est aussi convaincu que l'exécutif et la majorité remporteront la bataille. Ce qui lui permettra d'engager la dernière phase de son mandat élyséen. Et surtout la préparation de la campagne de 2012.La prochaine élection présidentielle pourrait bien être le cadre d'un choc droite-gauche de l'ampleur de celui de 1981, qui opposa Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand. C'est du moins ce qu'espère l'opposition socialiste, qui fait elle aussi de la réforme des retraites « la mère de toutes les batailles », à moins de deux ans de l'échéance électorale majeure. Martine Aubry, première secrétaire du PS, a dénoncé mercredi une réforme « injuste et non financée » et a précisé que les socialistes seraient ce jeudi dans la rue aux côtés des syndicats. Pour elle, c'est « le jour 1 du rapport de force qui doit être établi » pour obliger le gouvernement « à revoir sa copie ».explosion socialeÀ l'Élysée et à l'UMP, on estime que la patronne de l'opposition a commis « une faute majeure » en promettant le retour de la retraite à 60 ans si la gauche gagnait en 2012. Pour Nicolas Sarkozy, si le risque d'explosion sociale est réel dans un pays « éruptif » et sous tension, une réforme « a minima » ferait courir un risque-tout aussi grand, qui est celui de voir la France « décrocher » sur la scène économique internationale. Selon Bercy, la réforme des retraites présentée le 16 juin par Éric Woerth devrait être analysée de manière positive par les agences de notation, notamment en raison d'effets macroéconomiques à long terme. La dette de la France est notée AAA, avec une perspective stable, par les trois grandes agences de notation. « C'est cela qui est en jeu », souligne-t-on à l'Élysée.Le sondage Ifop publié mardi dans « Le Figaro » est venu appuyer ceux qui, au sein de la majorité, plaident pour « une épreuve de force, sans états d'âme » avec la gauche. Plus de la moitié des Français (58 %) jugent « acceptable » le report de l'âge légal de départ en retraite et 63 % des sondés estiment que la gauche ne tiendra pas son engagement de revenir aux 60 ans. « Les Français sont résignés, bien sûr ils ne sont pas heureux de travailler plus pour gagner pareil ou même moins, mais ils savent que le maintien du système par répartition est à ce prix », souligne un responsable de l'UMP. La CGT a vu dans ce sondage une tentative de « manipulation » de l'opinion.Du côté de l'opposition, on reconnaît que la victoire ne sera peut-être pas au rendez-vous fin 2010. « Mais Nicolas Sarkozy aurait tort de croire la partie gagnée dans ce cas-là. Les comptes se solderont lors de la présidentielle de 2012 », analyse un proche de Martine Aubry. Hélène Fontanaud
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