BP confie la gestion de la marée noire à un Américain

Sa participation à une régate le week-end dernier aura été le dernier impair de Tony Hayward. Affaibli par ses maladresses répétées - son souhait de retourner à « sa vie d'avant », l'impact « minuscule » de la fuite -, le directeur général de BP s'est finalement retiré de la gestion de la marée noire aux États-Unis, deux mois après l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon. L'américain Robert Dudley, responsable des activités de BP sur le continent américain et asiatique, le remplacera dans cette fonction, tout en restant sous la supervision de Tony Hayward. Robert Dudley, Bob comme il aime à se faire appeler, parviendra-t-il à restaurer la crédibilité du groupe sur place ? Élevé au Mississippi, l'un des États souillés par le pétrole du puits de Macondo, l'homme a déjà commencé à marquer sa différence en termes de communication avec Tony Hayward, dont l'accent britannique en était arrivé à cristalliser une partie de l'exaspération américaine. « Je sais ce que c'est que de sauter d'un bateau et de nager dans le golfe, je sais ce que c'est que de pêcher le crabe, la crevette, ou le poisson », a-t-il ainsi déclaré. Mais Robert Dudley, un vétéran de l'industrie pétrolière, avec ses trente ans de carrière, a également l'expérience des situations minées.transition accéléréeDe 2003 à 2008, le dirigeant fut, en effet, le dirigeant de TNK-BP, la coentreprise de BP en Russie, où une féroce bataille pour le contrôle de l'entreprise l'opposa aux actionnaires russes et aux autorités du pays. Désaccords stratégiques, empoignades sur les dividendes, employés accusés d'espionnage, managers privés de visas, rumeurs de rachat de parts, ombre de Gazprom, ce conflit fut d'une rare intensité. En 2008, Robert Dudley fut finalement expulsé de Russie, après avoir été entendu par la police du pays. Le dirigeant continua à gérer l'entreprise pendant quelques mois de l'étranger mais BP dut finalement se résoudre à confier à ses partenaires russes le contrôle des opérations de cette filiale stratégique, qui a représenté un tiers de sa production de pétrole en 2009. La montée en première ligne de Robert Dudley, un temps candidat à la direction générale et membre du conseil d'administration de BP, soulève inévitablement la question de la pérennité de Tony Hayward à la direction générale du groupe pétrolier. Ce d'autant plus que le calendrier de la transition a été accéléré, au vu de l'incapacité de Tony Hayward à reprendre l'initiative sur la gestion de la marée noire. Robert Dudley devait en effet initialement prendre ces fonctions en août, une fois forés les puits de relais, et la fuite vraisemblablement stoppée. Lire aussi page 11
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.