Un dialogue difficile entre Washington et Berlin

Angela Merkel arrivera à Toronto sous pression. Sa politique de rigueur est en effet de plus en plus contestée à l'étranger comme à l'intérieur. On savait que Paris n'avait déjà guère apprécié le plan d'austérité allemand de 81 milliards d'euros, mais ce week-end, c'est Barack Obama qui a appelé les pays disposant d'excédents commerciaux à utiliser leurs marges de manoeuvre pour favoriser la croissance. Tout le monde à Berlin a compris que l'Allemagne était dans la ligne de mire de la Maison-Blanche. Mardi, après une conversation téléphonique d'un quart d'heure avec le président américain, la chancelière a cependant défendu son objectif de consolidation budgétaire « absolument essentiel » et qui n'est pas en mesure de « freiner la croissance ». L'amélioration conjoncturelle est d'ailleurs évidente : l'institut RWI prévoit une croissance de 1,9 % cette année et l'institut Ifo 2,1 %. Comme le marché de l'emploi est resté solide, on a appris mardi que le déficit fédéral ne devrait être compris qu'entre 60 et 63 milliards d'euros, contre les 80 milliards d'euros inscrits au budget. Ce mieux de 17 à 20 milliards est-il une bonne nouvelle pour la chancelière ? Pas vraiment, car il a rouvert les appétits des libéraux. Ces derniers ont ainsi réclamé que la somme soit utilisée pour satisfaire les promesses de baisses d'impôts repoussées sine die par la chancelière le 10 mai. Le ministre de l'Économie libéral, Rainer Brüderle s'est, lui-même, joint à ce concert où participent également des voix du propre parti de la chancelière, la CDU.Coalition en chute librePour le moment, malgré ces marges de manoeuvre et ces pressions, Angela Merkel reste très attachée à l'austérité. Elle a plusieurs raisons à cela. D'abord, la coalition est en chute libre dans les sondages, à un plus bas de dix ans, et la chancelière ne peut prêter encore le flan aux critiques d'indécision qui lui sont fréquemment adressées en revenant sur une initiative prise voici moins d'un mois. D'autant que les baisses d'impôts sont impopulaires en Allemagne. Ensuite, l'obligation constitutionnelle de réduire le déficit fédéral à 0,35 % du PIB en 2016 concerne le déficit structurel. L'amélioration conjoncturelle n'aide donc pas Berlin à résoudre son équation budgétaire. Angela Merkel devrait donc à Toronto ne rien céder, malgré les critiques. Romaric Godin, à Berl
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