La Fed estime qu'il est urgent d'attendre

Depuis la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine, le 28 avril, aucun développement macro économique ou financier susceptible de modifier le diagnostic des « Sages » de son conseil n'est intervenu, exception faite de l'aggravation de la crise des dettes souveraines en Europe, dont l'impact sur l'économie américaine sera faible. Rien d'étonnant donc que la Fed n'ait pas modifié ses taux directeurs, maintenant le loyer de l'argent dans la fourchette de 0 % à 0,25 %, en vigueur depuis décembre 2008. Elle a renouvelé sa promesse de maintenir l'objectif des fonds fédéraux « à un niveau exceptionnellement bas pendant une période prolongée », tout en admettant que si l'activité économique continuait de croître, « les conditions financières lui étaient moins favorables, notamment en raison des développements à l'étranger ». L'Europe est implicitement visée. Comme c'est la tradition depuis le début de l'année, un seul et unique membre du FOMC, le bras séculier de la Fed, s'est désolidarisé du consensus: Le président de la Fed de Kansas City, Thomas Hoenig, a une nouvelle fois estimé que la reprise était suffisamment forte et les risques d'inflation induits par les rachats massifs d'actifs de la Fed suffisamment sérieux pour que les taux soient relevés à 1 % dans un laps de temps court. Les faits ne lui donnent toutefois pas raison. Le président Ben Bernanke a dû admettre le 9 juin, devant la Chambre des représentants, que si l'économie américaine, à laquelle il prédit une croissance de 3 % cette année, était à nouveau soutenue par la demande privée, après une longue période de soutien public, il faudrait « un temps assez long » avant de récupérer les 8,5 millions d'emplois perdus en 2008 et 2009. L'annonce mercredi d'une chute historique de 33 % des ventes de logements neufs en mai, mois qui a suivi l'arrivée à leur terme des mesures d'incitations fiscales à l'achat, risque même de mettre en péril la reprise, qui a clairement encore besoin de béquilles. sortie de crise compromiseQuant à une possible accélération de la mise en oeuvre des stratégies de sortie de crise, elle est également compromise par les tensions qui sont réapparues sur le marché interbancaire américain comme européen. L'heure d'éponger les liquidités déversées pour conjurer la crise n'a donc pas sonné. La Fed a bien lancé le 16 juin sa première enchère de dépôts à terme rémunérés pour les banques. Mais il ne s'agissait que d'un test, offrant aux banques de souscrire à 1 milliard de dollars de dépôts à 14 jours rémunérés à 0,27%. Les reventes d'actifs, y compris les 1.100 milliards de dollars de titres hypothécaires acquis par la Fed, n'interviendront pas avant le début du cycle de hausse des taux, a annoncé la Fed dès la fin mai. C'est dire qu'il faudra attendre encore un bon moment, puisque les prévisions ne font plus état de durcissement du loyer de l'argent avant 2011. « les conditions financières sont moins favorables à la croissance écono-mique. »
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