La livre sterling au régime de la douche écossaise

changesLa (mauvaise) surprise a été de taille : attendu en hausse de 0,2 %, le PIB du troisième trimestre au Royaume-Uni s'est en fait contracté de 0,4 %, soit une diminution en rythme annualisé de 5,2 % qui n'avait été dépassée qu'une fois dans l'histoire, au trimestre précédent, à ? 5,5 %. La Grande-Bretagne, qui est le premier des grands pays à rendre public le PIB du trimestre écoulé, est donc engluée dans la récession pour le sixième trimestre consécutif, alors que tous les économistes espéraient la voir enfin sortir la tête de l'eau. Il n'en fallait pas plus pour faire éclater la bulle sur la livre sterling et faire à nouveau boire la tasse à la monnaie de Sa Majesté. Alors qu'elle avait amorcé un net rebond la semaine dernière, la livre a reperdu en une seule séance une grande partie du terrain reconquis à la suite des attaques spéculatives dont elle avait fait l'objet. D'un point haut récent de 0,8995 pour 1 euro, le sterling a rechuté vendredi jusqu'à 0,9190, tandis que, face au dollar, lui-même sous pression, il est retombé de 1,67 à 1,6335.contre-piedIl faut dire que toutes les anticipations des acteurs du marché des changes se retrouvent prises à contre-pied par la contre-performance de l'économie d'Albion. Ils s'étaient mis à croire qu'une remontée des taux pourrait intervenir avant le milieu de l'an prochain, après la déclaration faite jeudi par le gouverneur de la Banque d'Angleterre. Mervyn King avait averti les Britanniques qu'ils seraient avisés de prendre en compte de probables durcissements des conditions de crédit dans leurs plannings financiers. Désormais, il devient hautement improbable que la Vieille Dame relève dans un avenir prévisible son taux directeur qui campe sur le plancher historique de 0,5 % depuis mars dernier. Et alors que les opérateurs tablaient sur un gel du programme de rachats d'actifs à 175 milliards de livres, ils sont désormais pratiquement convaincus que la Banque d'Angleterre annoncera une nouvelle majoration de 25 milliards de livres, comme en août, à l'issue de son prochain conseil, le 5 novembre. Il lui faudra faire preuve de pugnacité pour ne pas saper la confiance des Britanniques et des investisseurs, abasourdis de voir que tant d'argent injecté dans le système financier n'a pas suffi à faire redécoller l'activité. Statu quo monétaire et intensification des mesures d'assouplissement quantitatif sont, en tout cas, les deux ingrédients d'un cocktail détonnant pour la livre sterling, bien qu'elle soit déjà largement sous-évaluée.
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