L'Algérie cède aux sirènes du protectionnisme

Confrontées à une explosion incontrôlée des importations, qui ont quadruplé depuis 2000 pour approcher 40 milliards de dollars en 2009, les autorités algériennes multiplient depuis un an les mesures pour tenter de renforcer son tissu d'entreprises. Le durcissement des conditions d'attribution des marchés publics aux entreprises étrangères est la dernière d'une longue liste de mesures protectionnistes.Une circulaire du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, demandait récemment aux administrations de limiter au maximum le recours aux entreprises étrangères pour les projets publics et de justifier l'attribution de marchés à des étrangers. Ces mesures, entrées en vigueur le 1er janvier, concernent particulièrement les bureaux d'études et de consulting étrangers désormais indésirables en Algérie. Les entreprises algériennes peuvent obtenir des contrats avec des offres supérieures de 25 % à celles de leurs concurrents étrangers, contre 15 % jusqu'ici.Ce durcissement intervient alors que l'Algérie s'apprête à lancer un nouveau plan d'investissements publics de 150 milliards de dollars (2010-2014). « Ces restrictions touchent l'ensemble des entreprises étrangères. Les groupes français seront davantage touchés que les autres, la France étant le premier partenaire de l'Algérie avec 17 % des parts de march頻, explique un banquier français à Alger.« L'Algérie traverse une crise d'acceptation du libéralisme », estime Akram Belkaïd, chercheur à l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed). « Le pouvoir algérien, qui n'a jamais abandonné une certaine vision étatiste et nationaliste de l'économie, a été agacé de voir que des opérateurs étrangers, comme l'égyptien Orascom, réalisent des bénéfices importants en Algérie mais les rapatrient dans leur pays d'origine. »investisseurs étrangers inquiets Pour contrer les abus, les autorités viennent également de modifier la législation sur les investissements étrangers. Les investisseurs doivent désormais initier des projets à même de dégager une balance excédentaire en devises au profit de l'Algérie. « Cette mesure tétanise les investisseurs étrangers qui craignent de ne plus jamais pouvoir rapatrier leurs dividendes », explique un diplomate.L'Algérie avait déjà instauré, en juillet 2009, le crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations. Cette mesure, dont ont souffert les importateurs en raison de l'impréparation des banques, vise surtout à limiter la surfacturation des importations qui alimentait la fuite des capitaux. Les entreprises étrangères sont également tenues de prendre un partenaire algérien majoritaire. Ces mesures, dénoncées par les patrons français, empêchent, par exemple, le groupe Axa de créer une filiale à 100 % en Algérie. n
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