Le plan bancaire d'Obama freine l'élan du dollar

C'est un mouvement d'humeur plus qu'une tendance de fond. Les acteurs du marché des changes, qui se sont gavés de dollars au cours de la semaine écoulée, ont mis un bémol à leurs achats vendredi, au lendemain de l'annonce du projet de Barack Obama, dicté par l'ancien président de la Réserve fédérale, Paul Volcker, visant à limiter la concentration du secteur bancaire et à encadrer sévèrement les activités des banques commerciales. Les opérateurs sur le change ont cru y déceler une menace sur les futurs investissements, de nature à peser sur la reprise de l'économie américaine. Or il ne s'agit encore que de propositions floues qui sont loin d'être votées par le Congrès. D'autant que le président se retrouve privé de sa majorité qualifiée au Sénat depuis le camouflet subi la semaine dernière lors de l'élection partielle du Massachusetts. Le dollar a ainsi terminé la semaine juste au-dessus de 1,41 pour 1 euro, alors qu'il s'était hissé à son meilleur niveau depuis six mois, jusqu'à 1,4030. Mais les deux ingrédients qui avaient canalisé sa fulgurante reprise en lui restaurant un rôle de valeur refuge restent intacts. Il s'agit du coup de froid sur les pays émergents provoqué par la mise en place de mesures de restriction de la liquidité par la Chine afin de juguler une surchauffe manifeste et de l'accès de faiblesse de l'euro pénalisé par la dérive des finances publiques de ses talons d'Achille, à commencer par la Grèce. besoins colossauxOr l'empire du Milieu ne fait que commencer à durcir sa politique monétaire, tandis que les États européens qui suscitent la défiance ont des besoins de financement colossaux. L'emprunt de 3 à 5 milliards d'euros à 1 ans que s'apprête à lancer Athènes aura valeur de test sur la capacité de résistance de l'euro. La reprise du dollar semble d'autant mieux assise qu'il ne bénéficie pas seulement de facteurs exogènes mais dispose d'atouts intrinsèques. Il y a d'abord l'engouement retrouvé des investisseurs étrangers pour les titres (actions, emprunts d'État et obligations d'entreprises) libellés en dollars, comme en a attesté le dernier chiffre du département du Trésor sur les flux nets de capitaux à long terme vers les États-Unis, qui ont atteint 126,8 milliards de dollars en novembre, contre 19,3 en octobre. Il y a aussi l'espoir d'une accélération de la croissance qui, selon le consensus des économistes, ressortirait à 4,5 % en rythme annualisé au quatrième trimestre, contre 2,2 % au troisième (le chiffre sera connu vendredi). Il y a enfin les attentes concernant la Réserve fédérale, dont le premier des huit conseils de l'année se déroule mercredi 27 et qui pourrait annoncer un calendrier plus précis de mesures de sortie de crise.
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