Le minerai de fer s'apprête à ranimer les cours du fret

De Tubarao, le principal port d'exportation du minerai de fer brésilien, jusqu'au port de Qingdao, en Chine, les navires se pressent de nouveau. Les prix exigés pour transporter une tonne de fret sur cette route, l'une des plus fréquentées, pour les « capesize », les plus gros navires, ont fortement progressé ces derniers temps. De prime abord, l'appétit chinois de minerai de fer semble défier la raison. En fait, l'empire du Milieu ne fait que traduire en actes ce qui semble évident pour de nombreux spécialistes : les cours du minerai de fer semblent être orientés à la hausse, alors que les besoins en acier de la croissance chinoise ne cessent de progresser. La Chine anticipe donc et stocke autant de minerai que possible : le pays a importé 185.000 tonnes supplémentaires en 2009 par rapport à 2008, alors que le reste du monde réduisait au contraire ses achats. Si le nombre de capesize en circulation semble tout d'un coup modeste, c'est que d'énormes embouteillages se sont formés, notamment en Asie. « Les capacités de stockage dans les ports chinois sont proches de la saturation. Il est donc difficile de décharger de nouveaux navires sans évacuer au préalable du minerai vers les aciéries, d'où les délais d'attente importants des navires, qui peuvent aller de quelques jours à plus de vingt jours en fonction de la période et du terminal », explique Jean-Frédéric Laurent, de Barry Rogliano Salles, à Paris.Le nombre de bateaux coincés dans ces embouteillages a atteint un niveau très élevé, avec près de 150 navires de fret sec immobilisés (voir graphique).Une tension qui se traduit d'ailleurs dans les cours des contrats à terme sur les bateaux : la location d'un capesize coûte près de 45.000 dollars par jour, en février 2010. Mais pour l'été prochain, le prix tombe à près de 30.000 dollars par jour !Parmi les autres sources de tension pour le fret, le nombre de bateaux en circulation pourrait se révéler inférieur aux attentes. « Les livraisons de vraquiers ont été inférieures d'environ 30 % à ce que l'on attendait en 2009, et il n'est pas impossible que cette année les négociations entre les chantiers et les armateurs se soldent de nouveau par des reports de livraisons », remarque Jean-Frédéric Laurent. 460 nouveaux bateaux sont arrivés sur le marché cette année, alors qu'on en attendait 950, selon Amrita Sen, de Barclays Capital, qui estime que les cours du fret devraient s'orienter à la hausse en 2010, tant le marché semble finalement plus déprimé que la réalité des échanges.
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