Avis de tempête sur le Salon du livre de Paris

Le Salon du livre de Paris qui tiendra sa trentième édition fin mars s'annonce agité. Après la décision d'Hachette Livre, premier éditeur français de réduire considérablement sa présence à un seul stand « institutionnel », c'est au tour de Bayard de jeter l'éponge. Et pour 2011, « si rien ne change », le Salon du livre pourrait se passer du groupe La Martinière. Voire d'Editis, le numéro deux français de l'édition, qui envisage aussi de réduire la voilure. Depuis deux ou trois ans déjà, les éditeurs français dans leur grande majorité plaident pour un appel d'air dénonçant « un phénomène de lassitude » et un sentiment « de ne pas en avoir pour son argent ». « On est arrivé au bout d'une formule », explique-t-on chez Editis, pour qui il est « vraiment temps de réfléchir à un nouveau Salon du livre ». Hervé de La Martinière, dont le groupe a déjà réduit de près de 30 % sa surface pour l'édition 2010, est encore plus virulent : « Le Salon du livre est devenu un vrai train-train, personne ne rentre dans ses frais et si ça ne bouge pas, le groupe ne sera pas présent en 2011 ! »Chez Hachette Livre qui n'a réservé que 100 m2 cette année contre plus 900 m2 les années précédentes, on explique avoir « appelé le Salon du livre à se renouveler pendant plusieurs années, en particulier face au développement d'événements littéraires appréciés des auteurs et des éditeurs ». Mais sans succès. La filiale de Lagardèrerave;re « attend de connaître les projets 2011 pour décider d'un éventuel retour »? Enfin, le président d'Albin Michel, Francis Esménard, confiait au « Monde » fin 2009 que s'il avait su qu'Hachette se retirait, « il n'aurait pas accepté de renouveler son bail pour 2010 ».Aucune subventionEn trente ans, le paysage littéraire s'est beaucoup modifié. Le Salon du livre n'a pas su se renouveler face aux nombreuses manifestations thématiques qui se sont développées comme le très dynamique Salon du livre jeunesse de Montreuil, Étonnants Voyageurs à Saint-Malo, ou encore le Festival d'Angoulême dédié à la bande dessinée. À noter que ces manifestations sont toutes fortement subventionnées, contrairement au Salon du livre qui, lui, ne reçoit aucune aide. Enfin, côté marché des droits entre éditeurs, Paris à laissé la Foire de Francfort s'imposer.Au final, ventes de livres comprises, cette manifestation revient à 600.000 euros pour Hachette, à 500.000 euros pour Editis et à 100.000 euros pour La Martinière. Propriété du Syndicat national de l'édition (SNE) dont les recettes (environ 700.000 euros pour la dernière édition) assurent un peu moins de la moitié du budget, le Salon du livre est organisé (jusqu'en 2012) avec Reed Exhibitions. Face au mécontentement croissant des éditeurs, un comité stratégique a été mis en place au sein du SNE pour tenter de trouver des solutions. Parmi les propositions évoquées, un Salon du livre biannuel, un retour au Grand Palais au centre de la capitale jugé beaucoup plus logique que le Parc des expositions de la porte de Versailles, ou même un salon qui irait en province. Au SNE, on calme le jeu, rappelant le succès de la dernière édition (200.000 visiteurs, + 20 % par rapport à 2008). « 2010 sera une très belle année », promet le SNE.
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