Les firmes françaises progressent en Turquie

Ce n'est pas une visite à la hauteur de l'amitié entre la France et la Turquie ». Par cette phrase dans un entretien à l'AFP, le Premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan a fait publiquement état de la déception turque face à la visite « éclair » qu'effectue ce vendredi Nicolas Sarkozy à Ankara, la première d'un chef d'État français dans le pays depuis 1992.« La Turquie et les relations franco-turques méritent bien plus que cela » a renchéri le chef du gouvernement turc. G20, adhésion à l'Union européenne (UE), soubressauts du monde arabe, c'est une visite de travail très dense qui attend le président français après des années de tensions avec Ankara liées à la reconnaissance du génocide arménien et au refus de Nicolas Sarkozy de voir ce pays devenir membre de l'UE. « Nous sommes désormais d'accord sur nos désaccords et continuons à faire des affaires dans le cadre d'une relation décrispée » résume- t-on côté français. Sur le sujet des sanctions à l'égard de l'Iran ou plus récemment de la Libye, les deux pays sont toutefois divisés. Pour Ankara, elles risquent de « punir la population », alors que Paris est en pointe au sein de l'UE pour sanctionner le régime du colonel Kadhafi.L'économie sera certainement l'un des sujets les plus consensuels abordés. Après le creux de 2009 (10 milliards d'euros de commerce bilatéral), les échanges commerciaux sont repartis à la hausse en 2010 (+ 9 % sur les huit premiers mois) et pourraient atteindre les 15 milliards d'ici à 2012 selon les objectifs visés de Recep Tayyip Erdogan. 400 entreprises françaisesSixième partenaire commercial et deuxième client de la Turquie, la France s'est classée troisième en terme d'investissements directs étrangers dans ce pays durant les onze premiers mois de 2010. Renault, Alstom, Sanofi-Pasteur, Axa, Carrefour : si les grands groupes font partie des 400 entreprises françaises présentes en Turquie, les PME sont elles aussi de plus en plus attirées par ce « pays émergent à forte croissance, à trois heures seulement de Paris » comme le précise Axel Baroux, directeur d'Ubifrance Turquie. « Les désaccords sur la question européenne n'empêchent pas de faire du business même si nous avons constaté un nationalisme économique en 2006 » ajoute-t-il. À l'époque, GDF avait été recalée dans le dossier du gazoduc Nabucco. Depuis, la tension a diminué et des entreprises telles qu'EDF, GDF Suez et Areva sont actuellement en discussion avec Ankara pour la construction d'une centrale nucleaire à Sinop mais en pratique, les officiels turcs n'ont pas encore fait table rase du passé. « Si nous en venons à avoir des discussions avec la France [sur une centrale nucléaire, NDLR], nous ne pourrons pas faire comme si rien ne s'était passé » a ainsi déclaré en janvier, le ministre turc de l'Énergie. (Lire aussi l'analyse P. 31)
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