L'Irlande vote pour renégocier le plan d'aide européen

Plus de 300 personnes expriment leur colère ce soir-là dans le vieux gymnase de Tallaght, une banlieue pauvre du sud de Dublin. Le quatrième plan d'austérité en trois ans imposé par le gouvernement irlandais pourrait bientôt forcer la fermeture de ce complexe sportif. Mais le débat déborde rapidement sur les élections législatives, qui se déroulent ce vendredi. « Il est temps de changer de gouvernement, lance Jimmy Wyn, un volontaire du club. Les nouveaux dirigeants ne seront peut-être pas meilleurs, mais ils ne peuvent pas être pires. » John, un pilier du club de natation, approuve : « Le gouvernement nous a menti pendant toute la crise. Il faut le mettre dehors. »Jimmy et John résument l'atmosphère générale : les Irlandais vont ce vendredi rejeter en bloc le gouvernement en place, qui a (mal, selon eux) géré la crise, et négocié le plan d'aide du FMI et de l'Union européenne (UE), signé en novembre. Au pouvoir presque sans interruption depuis quatre-vingt-dix ans, le parti Fianna Fáil va probablement connaître la pire défaite de son histoire : il avait obtenu 42 % des voix lors des élections de 2007, mais il n'est crédité aujourd'hui que de 15 % des intentions de vote. Le Fine Gael, principal parti d'opposition, devrait largement l'emporter, avec 38 % dans les sondages (même s'il devra peut-être former une coalition avec les travaillistes). Son leader, Enda Kenny, est presque certain de devenir Premier ministre.Si la colère populaire concerne avant tout le gouvernement, elle se dirige aussi de plus en plus contre le plan d'aide. « Cela va nous écraser, s'inquiète Luke, un habitant de Tallaght. Cela va nous prendre des décennies à rembourser. » Discutant sur le pas de la porte avec le député Brian Hayes (voir interview ci-contre), qui faisait mercredi soir une dernière tournée de porte-à-porte avant les élections, sa colère est largement partagée par ses voisins. « Nous imposer un taux d'intérêt de 5,8 % est criminel, s'emporte Dave. L'UE nous prend vraiment pour des singes. »Nouvelle colèreCette colère contre Bruxelles est nouvelle. En novembre, quand le plan d'aide avait été négocié, les Irlandais avaient tendance à recevoir avec un relatif soulagement les technocrates internationaux, jugés plus compétents que le gouvernement. Mais depuis, Enda Kenny mène campagne en faisant de la renégociation sa principale promesse. Pour rembourser cette aide, un nouvel impôt (entre 2 % et 10 % des revenus) est levé. Pour Michael, militant Fine Gael, cela signifie 250 euros en moins chaque mois. « On ne peut pas continuer comme ça : les conditions imposées par le plan sont de la folie. » Éric Albert, envoyé spécial à Dubl
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