Porté par l'aversion au risque, le franc suisse inscrit un nouveau record face au dollar

Pris en tenaille par les troubles dans les pays arabes et les poussées inflationnistes nées de la reprise mondiale, les marchés de change ont finalement coupé la poire en deux. Alors que l'euro a brièvement franchi à la hausse le seuil de 1,38 dollar, plus observé depuis le 3 février et la dernière réunion du conseil de la BCE, c'est le franc suisse qui a profité des craintes des intervenants face aux violences à l'oeuvre en Libye. La monnaie helvétique a ainsi inscrit ce jeudi un plus haut historique de 0,924 franc pour 1 dollar, pulvérisant le précédent record de 0,9306 franc établi le 31 décembre. Traditionnelle valeur refuge, le franc suisse a également poursuivi plus modérément son avancée face à l'euro. La devise helvète évoluait ainsi en fin de journée aux alentours de 1,277 franc pour un euro, après avoir poussé jusqu'à 1,2706, son plus haut niveau depuis le 13 janvier.Depuis le 15 février, date du début des émeutes libyennes, le franc suisse a engrangé près de 5 % face au dollar, et environ 2,5 % face à l'euro, qui bénéficie parallèlement des paris sur une hausse de taux prochaine de la BCE pour lutter contre les pressions inflationnistes. « Historiquement, les devises refuge sont celles dont le pays présente une balance des comptes courants excédentaire », explique Valérie Perez, directrice opérationnelle en charge des activités de change de Deutsche Bank en France. « Le surplus d'épargne leur permettant de maintenir des taux d'intérêts relativement faibles, ces devises deviennent le vecteur des stratégies de ?carry trade' (emprunter une monnaie à faible rendement pour la vendre et acheter des monnaies à rendement plus élevé, Ndlr) quand la conjoncture s'améliore. En période d'aversion pour le risque, comme aujourd'hui, les intervenants dénouent ces positions et les monnaies refuge rebondissent », ajoute-t-elle.économie exportatrice Également prisé par les intervenants en période de trouble, le yen japonais s'est aussi apprécié face au dollar et à l'euro, tout en restant à bonne distance des records inscrits l'an dernier. Mais depuis la mi-février, la monnaie japonaise n'a engrangé que 2 % face au dollar et s'est dépréciée face à l'euro et au franc suisse. Plombé par un endettement national proche de 200 %, un déficit budgétaire de près de 10 % l'an dernier et une croissance molle, le rôle de valeur refuge du yen a en effet pâti de l'abaissement de stable à négative par Moody's de la perspective associée à la note du pays, déjà dégradée par Standard and Poor's en janvier.À l'inverse, la dette publique suisse et son déficit budgétaire représentent seulement 38 % et 0,5 % du PIB, dont la croissance devrait atteindre 2,7 % en 2010. Un dynamisme que la banque centrale suisse ne peut pour l'instant pas prendre en compte. En relevant la fourchette de 0 % à 0,75 % dans laquelle elle pilote depuis mars 2009 le taux du Libor trois mois, qui fait office de taux directeur, l'institution risquerait d'attiser les pressions haussières sur le franc. Et d'étouffer une économie exportatrice dynamique, notamment vers la Chine. Julien Beauvieux
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