L'éditorial de François Lenglet

On les disait assagis, anesthésiés par la litanie des ­scénarios apocalyptiques sur les comptes du régime de retraite. C'était, ­disait-on, l'habileté du gouvernement d'avoir fait précéder la concertation d'une longue phase de « pédagogie », pour attendrir la viande. Et voilà la surprise?: un à deux millions de manifestants battent le pavé contre la réforme. La traditionnelle divergence entre la police et les syndicats dans le dénombrement ne change rien?: le baromètre de l'humeur sociale indique désormais « nuageux, avec tendance à la ­dégradation ».Le président voulait faire de la réforme des retraites son grand oeuvre, emblématique de sa méthode de gouvernement. Les manifestants ont pris Sarkozy au mot?: ce n'est pas seulement le projet qu'ils jugent en descendant dans la rue. À l'évidence, les affaires de logements ministériels ­indûment occupés, de cigares indûment réglés par la République et de conflits d'intérêt ont joué un rôle important dans la cristallisation du mécontentement. Si les ministres avaient une telle difficulté à prononcer le mot « rigueur », n'était-ce pas à cause du mal qu'ils ont à se l'appliquer ? Quant à Éric Woerth, ministre préposé à l'édification des masses sur la bonne gestion, il ne peut plus évoquer les milliards de déficit sans qu'on pense aux millions en Suisse de Liliane ­Bettencourt. C'est injuste, mais c'est la réalité politique? : Woerth n'est plus à même de défendre sa réforme.Fort heureusement, la France garde toujours en réserve un personnage éminent, qui incarne la nation. Il se situe au-dessus des partis et des intérêts individuels, ­n'intervient pas au jour le jour, ne s'use pas dans le quotidien de l'action, ce qui lui permet de reprendre la main en cas de difficulté politique. Depuis 1958, ce rôle était dévolu au président de la ­République. Depuis 2007, c'est le ­Premier ministre qui l'occupe. ­François Fillon s'exprime donc aujourd'hui. Du reste, Nicolas Sarkozy n'était pas disponible. Il prépare les états généraux du football, après une ­rencontre avec Thierry [email protected]
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