Réforme des retraites  : le gouvernement face à la pression de la rue

Ils n'étaient pas tout à fait sûrs de réussir leur pari. Mais au fil de la journée, alors que tombaient le nombre de manifestants dans les principales villes hexagonales, le léger doute s'est transformé, chez les leaders syndicaux, en large sourire. Avec 797.000 manifestants selon la police et près de deux milions selon la CGT, l'appel lancé par six organisations (CGT, CFDT, Unsa, Solidaires, FSU et CFTC) a fait le plein dans la rue contre la réforme des retraites. Le 27 mai, la fourchette variait entre 395.000 et 1 million de manifestants. De même, le taux de grévistes dans la fonction publique d'Etat (19,35 %) était très supérieur à celui du 27 mai dernier (13,8 %). Preuve que le succès était au rendez-vous, l'exécutif avait choisi de comparer le nombre de manifestants ou de grévistes à celui du 13 mai 2003, journée contre la réforme Fillon, et non, comme c'est l'usage, à celui des dernières mobilisations. « tout revoir »Dès jeudi en début d'après-midi, forts de cette réussite, les leaders syndicaux réclamaient une révision en profondeur du projet de l'exécutif. « Les gens ne manifestent pas contre le principe d'une réforme des retraites, mais contre cette réforme des retraites. Or, à partir du moment où les 62 ans sont la base du projet, il faut tout revoir », martelait François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, au départ de la manifestation parisienne. « Cette journée est un tournant. Le projet de réforme du gouvernement est de mieux en mieux connu et paraît de plus en plus injuste », renchérissait Alain Olive, de l'Unsa. S'appuyant sur les récentes péripéties de l'équipe de France de football, Bernard Thibault a réclamé un rendez-vous à Nicolas Sarkozy. « Dès lors que 23 grévistes peuvent faire changer l'agenda du chef de l'Etat, peut-être que, pour plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions de salariés, il peut aussi le modifier et trouver le temps de recevoir les leaders syndicaux », ironisait, en tête du cortège parisien, le secrétaire général de la CGT. Mais s'ils ont déjà obtenu un geste de l'exécutif ? François Fillon s'exprimera dès ce vendredi sur les retraites (lire ci-dessous), tous ont conscience que la mobilisation de ce jeudi ne suffira pas à infléchir le projet gouvernemental. Et que si des signaux pourraient rapidement être envoyés, notamment sur la pénibilité, l'exécutif restera inflexible sur le recul de l'âge de départ. « La semaine dernière, le président de la République a fait quelques signes d'ouverture. Mais très, très faibles », reprenait Alain Olive, de l'Unsa. « De militante, la mobilisation est en train de devenir citoyenne. Le succès de ce jeudi doit se prolonger en septembre », renchérissait Annick Coupé, la porte-parole de Solidaires. L'intersyndicale a prévu de se retrouver mardi 29 juin pour préparer la suite des actions, mais déjà les idées émergent. Des initiatives symboliques ? comme des rassemblements devant les préfectures le 13 juillet, date de la présentation du projet de loi en conseil des ministres ? pourraient être lancées pour occuper le terrain pendant l'été. Et une grande journée de mobilisation pourrait être programmée le 7 septembre, jour du début de l'examen du texte à l'Assemblée nationale. A la rentrée, le calendrier va, en effet, s'accélérer... Et les syndicats n'auront que quelques semaines pour réinstaller le rapport de force acquis dans la rue ce jeudi.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.