« Etant né à Paris, j'ai grandi en lisant ? Le Monde ?, le jou...

« Etant né à Paris, j'ai grandi en lisant ?Le Monde?, le journal que mes parents ramenaient à la maison tous les jours. C'est un guide pour tous ceux qui sont attachés à la démocratie, au progrès et à la liberté. Prisa peut donc compter sur mon soutien financier pour cette opération, pendant que Prisa achève son propre processus de recapitalisation. » Voilà ce qu'a déclaré Nicolas Berggruen lundi lorsque Prisa a déposé son offre sur « le Monde » avec Claude Perdriel et Orange. Le financier américain est encore inconnu en France, mais pas en Espagne, depuis qu'il est venu sauver Prisa. En effet, la société qu'il dirige, Liberty Acquisition, va fusionner avec l'éditeur espagnol, lui apportant ainsi 680 millions d'euros d'argent frais, bienvenus pour alléger ses 5 milliards d'euros de dettes. Après cette fusion, 57,1 % du capital de Prisa appartiendra aux actionnaires de Liberty Acquisition, qui sont Nicolas Berggruen (9,9%), son associé Martin Franklin (9,9%), et des fonds américains comme Fidelity, Goldman Sachs, Citigroup... Berggruen et Franklin siégèront au conseil d'administration. Parallèlement, la famille fondatrice Polanco sera diluée de 70 % à 30 %, mais gardera le contrôle de Prisa. Déjà coté à Madrid, le groupe fera son entrée à la Bourse de New York. Précisément, Liberty Acquisition, immatriculé au Delaware, est une « special purpose acquisition company » aux objectifs purement financiers. En clair, c'est un fonds qui lève de l'argent en Bourse pour financer une grosse acquisition. La particularité est que la cible n'est pas connue au moment où les fonds sont levés ?d'où le surnom de « blank check company ». Liberty Acquisition est la plus grosse société de ce type jamais montée : elle a levé un milliard de dollars à la Bourse de New York fin 2007, avec l'obligation de les utiliser avant fin 2010, faute de quoi l'argent devait être rendu aux actionnaires. Liberty a fini par approcher Prisa en septembre 2009, à l'origine pour rentrer dans sa filiale d'édition Santillana, avant de s'intéresser à Prisa lui-même, devenu une bonne affaire suite à son effondrement en Bourse. Berggruen et Franklin ont déjà monté deux sociétés de ce type. L'une a racheté le fonds spéculatif (hedge) britannique GLG, qui sera ainsi introduit en Bourse, mais a perdu depuis la moitié de sa valeur. L'autre a levé 600 millions d'euros sur la Bourse d'Amsterdam puis racheté l'assureur britannique Pearl. Nicolas Berggruen, célibataire et sans enfants, âgé de 48 ans, voit sa fortune estimée à 2,2 milliards de dollars par « Forbes ». C'est le fils d'un collectionneur d'art allemand, Heinz Berggruen, qui a fui les persécutions nazies en 1936 pour s'installer aux Etats-Unis. Le père est connu pour avoir possédé la plus importante collection de Picasso, dont il était l'ami. Le fils fit ses études à l'Ecole alsacienne à Paris, où il raconte avoir lu Sartre et Camus. Il a gagné ses premiers millions en montant en 1984 un premier hedge fund qu'il revendra dix ans plus tard à la banque brésilienne Safra. Surtout, il réalisa deux belles culbutes. D'abord, avec le fabricant de lunettes américain FGX (que vient de racheter Essilor), qui lui a rapporté 200 millions de dollars. Ensuite, avec le portugais Media Capital, dont il revendit ses parts pour 150 millions de dollars à... Prisa. Sa société personnelle, Berggruen Holdings, installée dans les îles Vierges britanniques, a investi dans plus de 100 sociétés (immobilier, énergies renouvelables...) aux quatre coins du globe (Europe, Asie, Israël...), dont quelques grands noms : Lee Cooper, Dunkin' Donuts, Duke Street... Il vient de reprendre les grands magasins allemands Karstadt associé au français BCBG Max Azria. Enfin, il a fondé un think thank qui étudie les meilleurs modes de gouvernement dans le monde. Jamal HenniLe milliardaire qui va sauver PrisaNicolas BerggruenPDG de Liberty Acquisition
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.