Musique

Imaginez l'esplanade du Champ-de-Mars parsemée de scènes ouvertes et entourée de théâtres et salles de concerts (une dizaine) où le jazz déferle en continu des premières heures de la matinée au plus profond de la nuit. Bienvenue à Montréal, capitale du jazz pour une bonne quinzaine de jours.Détrôner - même de manière éphémère - la voisine New York dans le coeur des fans de la musique syncopée est ainsi devenu une habitude pour la cité québécoise. Le budget à lui seul révèle l'ambition affichée par le Festival international de jazz de Montréal, pour cette 31e édition, environ 30 millions de dollars canadiens (24 millions d'euros). Soit huit à dix fois plus que les gros festivals français de l'été que sont Vienne, Nice, Antibes et Marciac. Les organisateurs peuvent compter sur le soutien des autorités locales - la ville de Montréal a passé un accord triennal pour le spectacle vivant avec le festival, mais aussi Juste pour rire et Francofolies - qui contribuent à hauteur d'un bon quart des ressources. Le secteur privé n'est pas en reste, couvrant un grand tiers, avec les deux sponsors majeurs - le groupe financier TD Canada Trust et Rio Tinto Alcan qui sont engagés pour cinq ans.« Les sponsors n'expriment aucune exigence artistique. Et c'est très bien ainsi », commente avec sa franchise coutumière le cofondateur et directeur artistique du festival, André Ménard. Le plateau propose un casting royal avec Sonny Rollins, Cassandra Wilson, George Benson, le trio de Keith Jarrett, Dave Brubeck, Ahmad Jamal. Mais on retrouve dans les clubs des porte-parole de la nouvelle garde, tels les pianistes Vijay Lyer et Robert Glasper ou le trompettiste Christian Scott. André Ménard veille aussi à ne pas céder à la surenchère sur les cachets « qui empêcherait de programmer les concerts gratuits ». C'est cela aussi l'esprit du festival, ces fanfares New Orleans qui défilent et ces grands orchestres d'écoles qui reprennent les bons vieux standards, assurant l'animation dès le petit déjeuner.Mariage privé-public pour le financement, cocktail payant-gratuit pour l'artistique, Montréal applique une recette gagnante qui attire sur les rives au coeur de la Belle Province 40 % de visiteurs étrangers, dont près de 15 % de Français.Jean-Louis Lemarchand
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