La Bourse malmène les cimentiers, surtout Lafarge

Sale temps pour la construction. Dans un contexte sectoriel déjà malmené depuis plus d'un an, chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles. Après les piètres résultats semestriels publiés en début de mois, CRH, le spécialiste irlandais des matériaux de construction, indiquait mardi revoir à la baisse ses prévisions de résultats en raison du ralentissement économique aux États-Unis. Un nouveau coup dur pour le secteur et les cimentiers, qui confirme la fragilité de la reprise outre-Atlantique. A cela s'ajoutent les récentes mesures de resserrement du crédit prises par les autorités chinoises pour éviter la surchauffe, et susceptibles de peser sur la croissance du pays au troisième trimestre. Autant dire que tous les vents conjoncturels sont aujourd'hui défavorables pour la construction. Et particulièrement les cimentiers qui, plus que les autres, cristallisent l'aversion grandissante des investisseurs pour les valeurs cycliques. Résultats, en Bourse, les cours replongent de plus belle depuis début juillet. Le premier d'entre eux, le numéro un mondial, Lafarge, recule de près de 20 % depuis cette date, portant à plus de 37 % son repli depuis le début de l'année. Le suisse Holcim n'est pas mieux loti avec une baisse estivale de près de 17 % et de 25 % depuis janvier. Idem pour le mexicain Cemex qui plonge de 16 % depuis juillet et de 30 % sur huit mois. Si l'annonce de CRH lui valait mardi un recul de plus de 16 % en Bourse, soit le plus fort de l'indice sectoriel Dow Jones, Lafarge reculait pour sa part de 4,35 %. Le français faisait, en outre, les frais d'une dégradation de la part de BofA Merrill Lynch. La banque indiquait être passée à « neutre » sur la valeur (contre « sous-performance ») et avoir revu à la baisse ses estimations de bénéfices par action de 14 % pour 2010, de 4 % pour 2011 et de 12 % pour 2012. Elle souligne par ailleurs que le risque d'une possible dégradation de la note Baa3 par Moody's pèse aussi sur le cours. Véritable talon d'Achille du groupe, sa dette issue du rachat d'Orascom fin 2007, atteignait à la fin juin 15,16 milliards d'euros. Certes en baisse de 1 % sur un an mais en hausse de 10 % par rapport à la fin de l'exercice 2009. Et tout porte à croire que le marché ne se satisfait pas des récentes mesures annoncées. Limiter les investissement à 1 milliard d'euros et réduire les coûts structurels à 200 millions en 2011, apparaît dérisoire vu l'énormité de la dette et les « sommations » de l'agence de notation Moody's au début du mois. Cette situation bilantielle et conjoncturelle tendue laisse à penser que Lafarge n'est pas au bout de son calvaire boursier.
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