La relance de l'assouplissement quantitatif divise au sein même de la Réserve fédérale

Les achats réalisés par la Fed, depuis la faillite de Lehman, s'élèveraient à 2.600 milliards de dollars.Publiées ce mardi tard dans la soirée, le compte-rendu du Conseil de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale du 3 novembre a souligné les dissensions à l'oeuvre au sein même de la Fed sur la décision d'une deuxième phase « d'assouplissement quantitatif » (le « QE2 ») prise ce jour-là. Selon la majorité des membres du FOMC, les effets positifs du programme devraient « dépasser ses coûts » et « promouvoir une reprise plus solide de la production et sur le marché du travail, tout en favorisant à terme un retour de l'inflation compatible » avec le mandat de stabilité des prix de la Fed. Une résultante des « pressions à la baisse sur les taux d'intérêt à long terme » et d'une « hausse des prix des actifs », alors que le QE2 pourrait également induire « un repli du dollar sur le marché des changes ».Anticipée dès le mois d'août, la décision de la Fed a conduit à un net bond des actions et des obligations d'État, dont les taux varient en sens inverse des prix. Dans l'attente des 600 milliards de dollars supplémentaires - modulables suivant la conjoncture - annoncés le 3 novembre, le taux américain à 10 ans avait baissé de 3 % à 2,33 % début octobre, son plus bas niveau depuis janvier 2009, tandis que le Dow Jones engrangeait près de 10 %. Face à des statistiques inquiétantes, notamment sur le front de l'emploi, la Fed avait déjà fait un premier geste à la mi-août en annonçant le réinvestissement en obligations d'État des remboursements de son portefeuille de 1.250 milliards de dollars de titres hypothécaires, acquis entre janvier 2009 et mars 2010. Au total, la Fed devrait acquérir 900 milliards de dollars supplémentaires d'obligations d'ici à la fin juin, portant à 2.600 milliards les achats réalisés depuis la faillite de Lehman Brothers.« Impact limité »Malgré ce montant colossal, « certains participants » ont estimé que « des achats supplémentaires d'obligations d'État de long terme n'auraient qu'un effet limité », souligne le compte-rendu du FOMC. Voire qu'une « expansion supplémentaire du bilan de la Fed pourrait mettre une pression à la baisse non voulue sur le dollar » et « causer une hausse importante et non souhaitable de l'inflation ». La décision de la Fed a suscité inquiétudes et critiques des décideurs politiques internationaux et nationaux. Membre votant du FOMC, Kevin Warsh a lui-même soutenu le « QE2 » bien qu'il ait craint le 8 novembre qu'il crée de l'inflation sans relancer la croissance. Membre non votant cette année, le président de la Fed de Philadelphie, Charles Plosser, avait déclaré le 18 novembre qu'il aurait voté contre le projet, à l'instar du président de la Fed de Kansas City, Thomas Hoenig. « Le président de la Fed, Ben Bernanke, est peut-être trop préoccupé par la déflation, mais la Fed doit prendre des risques inflationnistes pour éviter le cercle économique vicieux observé pendant la Grande dépression », estime Jim Leaviss, directeur de la gestion obligataire chez M&G. Julien Beauvieux
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