La France se penche sur l'addiction aux jeux

Grimaces en vue chez les éditeurs de jeux vidéo et les fabricants de consoles. Le Centre d'analyse stratégique, qui conseille le Premier ministre, a publié mardi soir des propositions visant à mieux réglementer les jeux vidéo en France, deuxième marché européen et quatrième mondial. Intitulée « Jeux vidéo : quelle régulation des contenus et des pratiques ? », cette note, tout en louant le dynamisme de l'industrie des jeux vidéo, souligne que « ce loisir suscite aussi des inquiétudes. » À commencer par l'exposition des adolescents à des scènes violentes, comme cela peut être le cas avec certains jeux de tir, les FPS (first person shooter), qui « reproduisent le champ de vision du ?héros?, une arme à la main, face à des ennemis à abattre, ce qui crée une forte identification », selon le Centre d'analyse stratégique. Les 15-24 ans représentent en effet un peu plus d'un cinquième (21,1 %) des joueurs français, selon le cabinet Gfk. Le Centre d'analyse stratégique pointe également du doigt l'usage excessif des jeux vidéo, susceptible d'altérer la scolarité des jeunes, leur psychologie, voire de participer au déclenchement de comportements agressifs. De fait, en France, « les sessions de jeu sont relativement longues, 62 % des joueurs affirmant jouer une heure au minimum par session », d'après Gfk. Classification et préventionFace à ces risques, le Centre d'analyse stratégique préconise des mesures portant sur les contenus, et d'autres relatives à la pratique des jeux vidéo. Sur le front des contenus, les jeux vidéo sont vendus sans aucune restriction en France, à l'exception de ceux à caractère pornographique, rappelle le Centre d'analyse stratégique. Une classification des jeux par tranche d'âge existe bien - il s'agit du Pan European Game Information (PEGI) -, mais 13 % seulement des parents français connaissent sa signification, selon le Centre d'analyse stratégique. Qui milite donc en faveur d'une grande campagne d'information à la télévision, à la radio et sur Internet, afin d'expliciter la signalétique PEGI. Autre initiative évoquée : une action auprès des distributeurs, à l'image des États-Unis où six grandes enseignes se sont engagées à identifier clairement les rayons des jeux destinés aux plus de 18 ans, et à former leurs employés à sensibiliser les consommateurs. « De la même manière, les sites Internet de vente de jeux vidéo pourraient systématiquement rappeler la signification de la classification PEGI et/ou délivrer des messages de prévention avant l'achat ou le téléchargement d'un jeu », poursuit le Centre d'analyse stratégique. Au chapitre des usages, celui-ci regrette la faible utilisation des dispositifs de contrôle parental sur les consoles et les ordinateurs. Il suggère donc l'affichage, sur l'écran, d'un chronomètre ou, plus ludique, l'apparition d'avatars montrant une fatigue croissante, ou bien encore l'émission périodique de signaux sonores et de messages sanitaires. Une manne en perspective pour les éditeurs de logiciels de sécurité.
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