Bruxelles accélère la création d'une force humanitaire de réaction rapide

Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis hier à Bruxelles, ont évoqué avec lucidité le manque de visibilité de l'Europe en Haïti. « Il faudrait davantage voir le drapeau européen là-bas », a expliqué Pierre Lellouche. Le secrétaire d'État aux Affaires européennes se défend pour autant d'« être dans une compétition stérile avec les États-Unis, qui serait grotesque sur un sujet comme celui-l࠻. Mais les Vingt-Sept ont conscience de l'impact négatif de leur dispersion sur leurs opinions publiques et sur l'image de l'Union européenne (UE) dans le monde.Manque de visibilitéCe manque de visibilité est d'autant plus regrettable que l'Europe, avec près de 430 millions d'euros consacrés à l'aide d'Haïti, a consenti à un effort financier nettement supérieur à celui des États-Unis, quant à eux omniprésents sur place.Pour gérer l'urgence humanitaire et renforcer leur contribution en Haïti, les chefs européens de la diplomatie ont décidé, lundi, d'envoyer 350 policiers et gendarmes pour soutenir la Minustah, la mission de stabilisation de l'ONU. Ils se sont également entendus sur la création d'une cellule de coordination d'une dizaine de personnes afin d'optimiser l'usage des ressources et moyens militaires mis à disposition par l'UE. Les Européens ont eu un retard à l'allumage, mais il reste encore beaucoup de travail en Haïti. « Ce que l'Europe sait bien faire, c'est le civilo-militaire puis la reconstruction », poursuit Pierre Lellouche.À l'avenir, pour que leur réaction face à une telle crise soit plus rapide, plus efficace, moins coûteuse et plus visible, les 27 ministres ont remis sur la table la création d'une force humanitaire européenne de réaction rapide. Concrètement, cette force agirait sous la bannière européenne, avec un même uniforme, des talkies-walkies fonctionnant ensemble, ou encore un unique responsable pour appeler l'ONU et les États-Unis. Des détails qui font toute la différence sur le terrain. Jusqu'alors plusieurs pays, comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni, étaient réticents à la création d'une telle force communautaire coûteuse, mais Haïti devrait servir de précédent pour créer un tel organe sur le long terme.Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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