« On résiste », déclare Serge Eyrolles, grand patron du Syndicat national de l'édition, qui est à l'origine du Salon du livre. Avec 1,5 % d'augmentation des ventes en 2009, le monde de l'édition est plutôt en bonne santé. Et avec 220.000 visiteurs attendus, le Salon du livre ne se porte pas mal non plus. Cette année, pour ses 30 ans, il a même gagné une particule. Ce sera désormais « le Salon du livre DE Paris », la Mairie de Paris devenant partenaire officiel de la manifestation.Mais quelques petits désagréments ont bien failli ternir la fête d'anniversaire. À commencer par les petits éditeurs en désaccord avec Reed Expositions, organisateur du salon. Ce dernier a voulu augmenter le loyer des stands « Trampoline », ces cellules grises de 9 m2 réservées aux maisons dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 300.000 euros. Après moult débats, ces loyers resteront stables.En décembre, c'était au tour d'Hachette de faire des siennes. Le premier groupe français d'édition (propriétaire de Grasset, Fayard, Stock, Lattès, Nathan, Larousse, etc.) annonce qu'il abandonne 800 m2 de stand sur les 900 qu'il loue habituellement. « Trop cher » pour un salon qui ne serait qu'une « chasse à l'autographe », argue-t-on. Ensuite Bayard, spécialisé jeunesse, a fait son choix : il ira au Salon international du livre de jeunesse de Bologne qui se tient en même temps (du 23 au 26 mars). Le salon dans une mauvaise passe ? Bertrand Morisset, commissaire général du salon, explique simplement : « Oui, ça va nous manquer. Mais au final qui sera puni ? Je ne peux pas répondre. » Depuis 1981, date à laquelle la loi Lang sur le prix unique du livre fut adoptée, l'événement annuel est devenu une sorte de « grand-messe » de la littérature en France. Il est même désormais le premier salon culturel européen. Et cette année, il ne dérogera pas à la règle. Sur place seront présents 1.120 éditeurs, 2.300 auteurs dont 90 à l'honneur : 30 auteurs français, dont Enki Bilal ou la lauréate du Goncourt 2009, Marie NDiaye, 30 auteurs étrangers, parmi lesquels Paul Auster ou Patricia MacDonald, et 30 auteurs invités par le Centre national du livre.Et comme le salon se met à l'heure du marché, ces auteurs de renom côtoieront des e-books. « Le livre numérique, le livre papier... Peu importe ils ont tous un éditeur et un auteur ! » s'exclame Bertrand Morisset. L'accent sera aussi beaucoup mis sur le spectacle vivant, des défilés de mode manga aux concerts de slam en passant par la rencontre Jacques Tardi/Luc Besson à l'occasion de la sortie du film « les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec ». Vingt-cinq pays seront de la partie, avec un stand de littérature russe, la présence pour la première fois de cinq pays nordiques, un stand dédié au cinquantenaire de l'indépendance des pays de l'Afrique subsaharienne et bien d'autres encore, qui représenteront plus d'une centaine d'éditeurs. « Ça va parler toutes les langues ! » pour citer le commissaire du salon.Alors le Salon du livre (de Paris), un rendez-vous incontournable ? Avec 4.500 séances de dédicaces d'auteurs aussi vendeurs que Frédéric Beigbeder ou Amélie Nothomb, l'événement peut bien se targuer de recevoir les people de la littérature et les conférenciers. Les débats passent rapidement au second rang. Mais il serait simpliste de le réduire à une simple foire. Pour les éditions Actes Sud, on tempère : « C'est une immense librairie où l'on peut trouver de tout. » Y compris les petits éditeurs moins visibles dans les grandes enseignes. Et ça, conclut la maison d'édition, « ça a le mérite d'exister ».

latribune.fr

25 Mars 2010, 23:20

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