Le Trésor américain émet à nouveau à des taux négatifs

Ce n'est plus une première historique, mais l'émission d'obligations américaines indexées sur l'inflation (les « TIPS »), réalisée jeudi dernier à des taux réels négatifs, souligne nettement les anticipations inflationnistes des marchés.Le Trésor américain a placé un montant record de 14 milliards de dollars de titres arrivant à maturité en avril 2016 à un taux réel médian de - 0,26 %. En clair, les investisseurs perdent potentiellement de l'argent sur leur investissement étant donné la cherté des titres, mais ils se refont en misant sur la prime octroyée aux détenteurs de « TIPS », qui est fonction de l'indice des prix à la consommation calculé par le département du Travail.Accueil modéréÀ la veille du long week-end de Pâques, l'opération a enregistré un accueil modéré des intervenants. Le ratio de couverture, qui rapporte la demande des investisseurs au montant effectivement placé, est ressorti à 2,57, contre 2,84 lors de la dernière opération réalisée le 25 octobre dernier, il est vrai moins imposante avec seulement 10 milliards de dollars d'obligations adjugées. En termes de prix, l'opération envoie, en revanche, un signal clair de la demande soutenue des investisseurs pour une protection, voire une spéculation sur la hausse de l'inflation.Fin octobre, les TIPS à 5 ans émis par les États-Unis avaient été placés à un taux médian négatif de - 0,63 %, une première historique, alors que le taux des obligations à 5 ans américaines « classiques » (qui varie en sens inverse des prix) évoluait aux alentours de 1,20 %. Non loin du plus-bas historique de 1,0686 % atteint le 8 octobre dans le sillage de l'aversion pour le risque et des anticipations de rachats massifs de dette américaine par la Fed pour doper l'économie.Le décor a, depuis, radicalement changé et le taux à 5 ans américain se situait jeudi à environ 2,10 %. La remontée des taux des obligations « classiques » à 5 ans a donc été beaucoup plus accentuée que celles des « TIPS » équivalents, qui sont, en conséquence, relativement plus chers qu'en octobre dernier. Cette évolution provient notamment de la pratique de certains gérants, qui pour jouer le retour de l'inflation et la hausse des points morts d'inflation - la différence entre le taux d'une obligation classique et le taux réel d'une obligation indexée pour une maturité donnée - achètent des « TIPS » et vendent les obligations classiques à découvert.Julien Beauvieux
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.