Les Sagas de BFM Radio

STRONG>Banquier d'affaires et actionnaire de presseSi vous voulez le froisser, dites-lui qu'il est devenu un homme respectable. Car Matthieu Pigasse a le conformisme en horreur, autant que les étiquettes. Pourtant, peu de personnalités ont suscité autant de poncifs. On a tout dit de lui : séducteur, faiseur de deal, banquier de gauche. À 42 ans, il est banquier d'affaires et actionnaire de presse. Il multiplie les univers, sans filet, la « rage » au ventre, c'est lui qui le dit. Avec la volonté de tout entreprendre, au risque de paraître trop gourmand, trop rapide, de susciter l'animosité de ses pairs. Tant pis, le jeu en vaut la chandelle. Celui qui est aujourd'hui vice-président de Lazard Europe est le « P » du trio BNP (Bergé, Niel, Pigasse), qui a racheté « Le Monde » en juin. Dans son panthéon personnel, les Clash et les Sex Pistols figurent en bonne place. Le banquier admire ces héros démesurés qui hurlent leur rébellion. Lui qui a découvert la politique avec le punk. Matthieu Pigasse est « l'erreur statistique » de sa famille de journalistes. Papa était secrétaire général de « La Manche Libre », son frère est le fondateur du magazine « Public », son oncle a été rédacteur en chef de « L'Express ». L'erreur statistique intègre l'ENA. Repéré par François Villeroy de Galhau, membre du comité exécutif de BNP Paribas, il entre au cabinet de Dominique Strauss-Kahn au ministère des Finances et reste sous Laurent Fabius. Il se souvient de la pression médiatique pesant sur DSK lors de l'affaire de la MNEF : « J'ai un souvenir particulièrement difficile de la meute de photographes, de journalistes, y compris physiquement, de l'incapacité et de l'impossibilité de sortir, même pour faire les choses les plus banales. » La défaite de 2002 le pousse vers le privé. Lazard lui ouvre ses portes, pas ses bras. Le haut fonctionnaire se fait les dents et une réputation sur la restructuration de la dette. Un job de droite ? « Non, quand nous obtenons des créanciers, qui sont des banques, des hedge funds, des institutions financières, d'abandonner 50 %, parfois 70 % de la valeur des créances d'un État, j'ai le sentiment d'être utile socialement et politiquement. » À l'été 2009, il s'offre les « Inrockuptibles », sur ses deniers personnels. Un an plus tard, il devient actionnaire du « Monde ». Un projet « rationnel à défaut d'être raisonnable ». Maître du Monde, une étiquette de plus. Charlotte Richard
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