G20, manquent 3D et 2E

Bravo. Pour la troisième fois en moins d'un an, les chefs d'État et de gouvernement des 20 principales puissances économiques de la planète sont parvenus, hier à Pittsburgh, à un accord. C'est dire si ces hommes qui nous gouvernent ont, collectivement, conscience de la gravité de la crise que nous traversons, de leurs responsabilités aussi. Face à ce tsunami, ils s'engagent, tous, à ne pas relâcher leur soutien à l'économie. Ils vont poursuivre, ensemble, leur combat contre les paradis fiscaux. Ils acceptent, collectivement, de nouvelles régulations pour la finance mondiale. Ils engagent une importante réforme du FMI. Chacun des dirigeants du G20, hier soir, s'attribuait la paternité du succès ? tentant de démonter qu'il avait fait prévaloir son point de vue. L'accord de Pittsburgh n'est en réalité ni français, ni chinois, ni britannique. L'empreinte américaine y est forte. Fruit de multiples compromis, il contient des pistes souvent insatisfaisantes, quelques solutions boiteuses aussi. Cela étant, le plus important est ailleurs : dans la pérennisation annoncée du G20. Celui-ci va devenir le forum central de la coopération économique internationale. Un travail sur son format, son organisation, son rythme va être mis en ?uvre l'an prochain. Le monde va en avoir besoin. Jusqu'à présent, ces G20 successifs ont travaillé à éteindre l'incendie. Ils y sont parvenus. Bravo encore. Il va falloir maintenant éponger, traiter pour cela de quelques sujets tabous, trois en particulier, trois « D ». Premier D, comme déséquilibres. Ce sont, fondamentalement, les grands déséquilibres mondiaux qui sont à l'origine de la crise ? entre Américains et Chinois en particulier. La question a été abordée à Pittsburgh, sans qu'aucune piste concrète soit évoquée. « D » comme dollar ensuite. La crise d'aujourd'hui pourrait déboucher demain sur une guerre monétaire ? celle-ci serait même, selon certains, déjà en cours avec la glissade du billet vert. D comme dette enfin. On a jusqu'à présent soigné le mal par le mal, substitué à l'endettement des agents privés celui des États. On n'a pas réglé le problème. On n'a fait que le reporter. Tôt ou tard, l'une ou l'autre de ces trois bombes finira par exploser. Cette perspective est, en elle-même, un frein à la reprise. Le G20 n'a pas non plus traité deux autres enjeux, essentiels, deux « E » cette fois-ci : celui de l'emploi d'une part, de l'environnement de l'autre. Ces trois D, ces deux E, il faudra pourtant que les prochains sommets s'en emparent. La bonne nouvelle, c'est que le G20 existe. La mauvaise, c'est que le temps presse. [email protected] izraelewicz
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