L'incompréhension demeure entre banques et PME sur la question du financement

À la tribune, côté banquiers, le discours est bien rodé : « Les banques françaises ont continué à financer [les PME] quel que soit le contexte. Les encours de crédit n'ont jamais été aussi importants. Le principal obstacle à l'investissement n'est pas le secteur bancaire, mais le manque de demande. Attention, car si l'on se trompe dans le diagnostic, on se trompe de solution. » Dans la salle, les propos de la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), Ariane Obolensky, suscitent des moues désapprobatrices chez les entrepreneurs. Assis à côté d'elle, le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, donne un « diagnostic » différent : « Les PME ont joué toutes leurs cartes. Maintenant, les échéances tombent. Les carnets de commandes ne sont pas remplis comme attendu. Les banques doivent aider tout de suite les petites entreprises, en prenant plus de risques. » Avant de conclure : « Aidez-nous, aidez les plus petites pour leur survie. »coût du risque La prise de risque, là semble être le c?ur du débat. Les entrepreneurs de PME se plaignent de la frilosité des banques ; ces dernières leur rétorquent que « le crédit doit être responsable car un mauvais crédit ruine tout le monde », dixit Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas et nouveau président de la FBF. « Le mot d'ordre dans les banques est de limiter le coût du risque au maximum », confie un financier en marge de la rencontre.Face au scepticisme de l'assistance, Ariane Obolensky en appelle aux chiffres, étude de la Banque centrale européenne (BCE) à l'appui. « Près de 80 % des entreprises interrogées ont trouvé un crédit en France », rappelle-t-elle (voir « La Tribune » du 22 septembre). Mais « il existe des inégalités fortes des PME face aux banques » pour obtenir des financements, nuance Diaa Elyaacoubi, présidente fondatrice du club Esprits d'Entreprise. Pour Michel Fallourd, dirigeant de ACMF, une société de conseil en stratégie de développement des entreprises, « le décalage entre le vécu des PME et le discours du secteur bancaire est énorme ». « Les banques sont certes enclines, dans une certaine mesure, à octroyer des crédits de trésorerie, mais à un prix trop élevé. Elles demandent toujours plus de garanties. » Hier, la Banque de France a publié ses dernières statistiques montrant une baisse des encours du crédit à la trésorerie (voir ci-contre). Une évolution logique, d'après Baudouin Prot. Ces chiffres sont « la conséquence d'un ajustement volontaire de la part des entreprises, leur besoin en fonds de roulement ayant diminué en raison du repli de l'activit頻, juge-t-il. Pour rétablir le dialogue entre les PME et la profession, le président de la FBF a rappelé l'organisation prochaine de rencontres entre entrepreneurs et dirigeants bancaires dans une douzaine de villes.Finalement, le seul acteur ayant trouvé grâce aux yeux des PME durant la rencontre fut Oséo. Depuis le début de l'année, l'établissement public a soutenu 18.000 entreprises (à fin août), avec 2,5 milliards d'euros pour renforcer leur trésorerie et 2 milliards pour financer leurs investissements. Alexandre Maddenscrédit
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