En début de semaine, l'homme, qui a révolutionné le monde du...

Luca Bassani (PDG de Wally) : « Je ne connais aucune limite à mon imagination »Qu'est-ce que la crise change sur le marché des yachts de luxe ? Et avez-vous ressenti ses effets ?On va revenir vers des principes moins flamboyants. C'était un peu la décadence avant la crise et rien n'était trop beau pour les yachts. Aujourd'hui, on commence à se préoccuper de l'utilisation des énergies renouvelables en cherchant à construire des bateaux plus environnementaux. Si l'on veut être vraiment écologique, la seule réponse, c'est la voile. Mais, aujourd'hui, le marché est constitué à 90 % de bateaux à moteur. C'est donc là qu'il faut porter nos efforts pour arriver à faire baisser la consommation de diesel de 20 % à 30 % par an et par navire sur la propulsion. C'est un objectif atteignable. Quant à la crise, oui nous la sentons dans les carnets de commandes mais aussi avec certains clients, un russe notamment, qui n'a pas pu financer son projet. Mais notre marché de niche très très haut de gamme souffre moins que d'autres.  Après avoir révolutionné le rapport à la voile avec des ponts sans drisses apparentes, comment concevez-vous la vie à bord ?Quand j'ai commencé à dessiner des bateaux, mon souci fut d'y créer des espaces sensuels et rassurants. La vie à bord oblige à des contraintes esthétiques qui relèvent plus des matériaux que des formes. Il faut toujours avoir en tête que sur un bateau on vit pieds nus, en maillot de bain. Le contact des matières avec la peau est primordial. Pas d'angles vifs, pas de matériaux blessants, abrasifs. Tout doit être agréable, inoffensif, « épidermique ». À chaque fois, je suis la conception du bateau de A à Z. Et chacun a une innovation. Notre dernier yacht a ainsi quatre moteurs à faire fonctionner par deux ou quatre en fonction de la vitesse désirée. Quant aux voiliers, nous cherchons continuellement à les alléger pour leur conserver leurs performances. Nous avons ainsi déposé un brevet pour des WC entièrement en carbone qui pèsent 7 kg contre 25 kg pour une céramique classique. Enfin, nos bateaux sont toujours conçus avec des espaces intérieurs et extérieurs qui se continuent et se prolongent, une façon de vivre la mer en étant toujours à son contact. De quelle manière comptez-vous encore faire évoluer le yachting ?Entre les sorties avec les clients, les régates et les vacances, je passe trois mois par an sur un bateau. Pour moi, la vitesse fait partie du plaisir de la navigation. Cela dit, j'aimerais bien vivre sur l'eau toute l'année. D'où l'idée de WHY, le concept d'île flottante développé au travers de notre joint-venture avec Hermès [lire « La Tribune » du 23 septembre]. Nos clients naviguent seulement quelques semaines par an sur des yachts plus luxueux qu'une maison. Pourquoi alors ne pas imaginer vivre dessus ? C'est à cela que nous souhaitons réfléchir désormais. D'autant que de moins en moins de bateaux naviguent loin. Les gens n'ont plus de temps et font envoyer le bateau sur leur lieu de vacances. Les nôtres se retrouvent principalement en Méditerranée. C'est le plus grand bassin de croisière dans le monde. Quant à moi, je ne connais aucune limite à mon imagination. Penser un bateau comme une île n'est pas une utopie. Nous sommes en train de le démontrer avec WHY. Propos recueillis par Sophie Péte
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