Le risque comme critère de sélection des gérants

Même si la crise a été brutale, elle aura eu le mérite de rappeler aux investisseurs institutionnels, comme aux sociétés de gestion, la notion de risque. C'est sur ce point que les investisseurs insistent aujourd'hui dans les « due diligence » de sociétés de gestion. Comme l'a rappelée l'Association française des investisseurs institutionnels (AF2i) lors de la présentation de son enquête annuelle sur le comportement des investisseurs en 2008, « la confiance dans le gérant est primordiale et de nouveaux critères de sélection apparaissent ».Pour Samuel Raoul, consultant chez bfinance, « la définition d'une allocation d'actifs s'appuyait jusqu'ici sur l'historique des classes d'actifs et de leur performance. Désormais, les investisseurs demandent des modèles axés sur la gestion du risque plutôt que sur des hypothèses de rendement ». Car c'est bien la notion de risque qui a refait surface avec cette crise et les questionnaires d'appel d'offres remplis par les sociétés de gestion le prouvent. « Les investisseurs ont pris conscience de l'importance des due diligence avec certaines maisons, phénomène entraînant un recours accru aux appels d'offres mais également une analyse plus fine dans la sélection », explique Philippe Lecomte, directeur de Schroders en France.Ainsi, ce n'est plus uniquement le processus de gestion qui est observé mais c'est aussi le fonctionnement même de la société de gestion. Et selon Philippe Benoist, responsable des appels d'offres chez Natixis Asset Management (NAM), « on identifie, au travers des questions des appels d'offres, une attention accrue portant sur le pilotage et le suivi des risques, sur la liquidité des marchés sous-jacents et instruments utilisés et, enfin, sur la solidité financière du partenaire avec lequel l'institutionnel pourrait nouer une relation ». Mais les questions vont aussi porter sur l'exposition de la société de gestion à la faillite de Lehman Brothers, à la fraude Madoff, ou encore sur les aides reçues de l'État et les éventuelles poursuites judiciaires. Autant de détails que les investisseurs veulent désormais connaître.C'est sur ce même principe de précaution que les sociétés de gestion doivent aussi répondre de plus en plus à des demandes de due diligence sur leurs fonds ouverts. À titre d'exemple, chez NAM, « ces due diligence représentent environ 50 % des dossiers et cela vient principalement des multigérants », explique Philippe Benoist. Au final, « le processus de sélection des gérants est clairement assaini et cela va dans le sens de la normalisation du métier de gestion d'actifs. La crise a eu du bon sur ce point », conclut Philippe Lecomte. M. L.Les investisseurs demandent des modèles axés sur la gestion du risque plutôt que sur des hypothèses de rendement.samuel raoul, consultant chez bfinanceLe processus de gestion est clairement assaini et cela va dans le sens de la normalisation du métier.philippe lecomte, directeur schroders france
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