Chypre : après le soulagement, l'heure du bilan pour les marchés

L\'accord visant à sauver le système bancaire chypriote a été signé à quelques heures de l\'utltimatum, soulageant dans un premier temps les observateurs, à commencer par les marchés financier. Chypre devrait en effet obtenir une aide de 10 milliards d\'euros de la part de la troïka et la Banque centrale européenne va poursuivre l\'approvisionnement en liquidité des banques chypriotes via son dispositif d\'urgence. Les messages de satisfaction en provenance de Bruxelles, de Berlin ou de Washington pour le Fonds monétaire international se sont alors multipliés. Les bourses asiatiques ont clôturé en hausse et Paris a ouvert sur un très optimiste +1,48%. L\'euro est même un temps repassé au dessus du 1,30 dollar.Le temps du bilanMais passé ce soulagement, est venu le temps du bilan. Le texte, approuvé peu après sa signature par les ministres des Finances de la zone euro, prévoit le démantèlement de Popular Bank of Cyrpus, dite Laiki, avec à la clé des milliers de suppressions d\'emplois et le transfert des dépôts inférieurs à 100.000 euros. Ceux supérieurs à 100.000 euros seront gelés et utilisés pour appurer une partie du passif de Laiki et renflouer Bank of Cyprus par le biais d\'une conversion en capital.Bien sûr, il n\'y aura pas de taxe à proprement parler, mais cet engagement est purement cosmétique, car en plus de voir leurs comptes gelés, les riches déposants devraient contribuer aux pertes. Un chiffre de 40% a même été évoqué. Interrogé par une radio chypriote, le porte-parole du gouvernement a répondu que cette mise à contribution forcée serait \"probablement  en dessous ou autour de 30%\". Quoiqu\'il en soit, bien au delà de la taxe sur les dépôts évoquée dans le plan A... et une première en zone euro. Des mesures de contrôle strict des capitaux, \"temporaires\" selon le président chypriote Nikos Anastasiades, ont dû être mise en place pour éviter un \"bank run\" qui pourrait à lui seul causer la faillite de l\'île. Bref, le bilan est lourd. \"Chypre est un cas spécifique\", a tenté de rassurer le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jeroen Dijsselbloem après avoir provoqué la stupeur dans l\'après midi en sous-entendant que cette approche pourrait à nouveau être adoptée à l\'avenir. La peur d\'un précédent est bien là. D\'autant que des craintes pèsent désormais sur une autre petite économie de la zone euro au secteur bancaire hypertrofié : la Slovénie.Sur les marchés, l\'optimisme a été de courte duréeSi bien que l\'embellie sur les marchés ne s\'est pas poursuivie au delà de la mi-journée. Les Bourses européennes ont fini dans le rouge à la clôture. Paris a perdu 1,12%, Francfort 0,51% et Londres 0,22%. En Espagne et Italie, pays fragiles de la zone euro, la chute a été encore plus brutale, -2,27% à Madrid et -2,50% à Milan. Les valeurs bancaires ont été en première ligne. Les actions des deux plus grosses banques italiennes, Unicredit et Intesa ont perdu 6%, autant que Société Générale en France. Wall Street a aussi terminé en baisse après avoir entamé dans le vert. Selon les résultats définitifs à la clôture, l\'indice Dow Jones Industrial Average a reculé de 64,28 points à 14.447,75 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, de 9,70 points à 3.235,30 points. L\'indice élargi Standard and Poor\'s 500 a reculé de 0,33% (-5,20 points) à 1.551,69 points, après s\'être rapproché en début de séance à moins d\'un point de son record historique en clôture (1.565,15 points) atteint le 9 octobre 2007.L\'euro a glissé lundi à son plus bas niveau en quatre mois avant d\'effacer une partie de ses pertes. Vers 22h00, l\'euro valait 1,2853 dollar après avoir chuté à 1,2830 dollar à 18h15. Cette nuit, il a repris un peu de vigueur sur les places asiatiques, en remontant à 1,2869 dollar vers 4h00 du matin.La presse internationale souligne une premièrePour la presse internationale, le bilan est lui aussi mitigé. \"La zone euro transfère le poids du risque des contribuables aux investisseurs\" a titré le Financial Times dans son édition de mardi. Pour le quotidien britannique, ce plan marque \"un changement radical\" par rapport à ces trois dernières années. Le titre évoque les plans espagnols et irlandais dans lesquels les  détenteurs d\'obligations seniors et les déposants non assurés avaient été épargnés. Le Wall Street Journal concède à la zone euro qu\'elle a su éviter à Chypre d\'en être le premier exclu, mais au prix d\'une incompréhension et d\'un renforcement des inimités entre les grandes économies européennes et les pays du sud en difficulté. Le quotidien américain évoque en effet les difficiles tractations lors desquelles Nikos Anastasiades était allé jusqu\'à mettre sa démission sur la table.Les banques chypriotes doivent rouvrir jeudi, le temps pour les banques de mettre en place les mesures prévues par le plan. Ce sera alors l\'occasion de le tester dans l\'opinion publique chypriote qui est passée par tous les états ces dix derniers jours.
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