MGM préfère Macao à Atlantic City

Entre ses casinos très lucratifs de Macao et le marché déclinant du New Jersey, MGM Mirage n'a pas hésité. A la mi-mars, la Division des jeux (DGE) de cet Etat des Etats-Unis avait prévenu que le géant américain ne pourrait garder ses 50% du Borgata Hotel & Casino d'Atlantic City quà condition de renoncer à son partenariat «inapproprié» avec Stanley Ho, le roi des casinos de Macao. Jim Murren, le directeur général du premier opérateur de casinos basé à Las Vegas, a vite choisi : il est dans l'intérêt de MGM Mirage et de ses «actionnaires de régler ce problème et de s'engager vers les incontestables opportunités de croissance que (nous) offre Macao », a-t-il déclaré, en annonçant son départ prochain du New Jersey.Le rapport que vient de publier la DGE est pourtant accablant : faute d'avoir obtenu en 2002, du gouvernement chinois, une licence pour s'installer à Macao - contrairement à ses grands rivaux américains Las Vegas Sands et Wynn Resorts - MGM Mirage a décidé de s'associer à Stanley Ho.Ce milliardaire de 88 ans est bien connu dans le milieu. Il a tenu le monopole des casinos sur la péninsule pendant 40 ans, jusqu'à ce que Pékin ouvre le marché à des opérateurs étrangers. Femme de pailleOfficiellement, MGM Mirage et Stanley Ho ne sont pas en affaires. C'est avec sa fille, Pansy, que l'américain a ouvert le MGM Grand Macau Casino voilà deux ans. Mais les enquêteurs du New Jersey estiment que Pansy Ho est une femme de paille et que 90% des fonds qu'elle a apportés à la coentreprise l'ont en fait été par son père. Le rapport rappelle que le département d'Etat et d'autres agences fédérales ont suspecté Stanley Ho d'entretenir des liens avec des mafias (triades chinoises) notamment impliquées dans le blanchiment d'argent et la prostitution et de «permettre au crime organisé d'opérer et de prospérer dans l'enceinte de ses casinos». Les activités de MGM Mirage à Macao sont «irréprochables», a rétorqué Jim Murren. Le groupe note que Stanley Ho n'a jamais été « ni inculpé, ni arrêté » et que les régulateurs du Nevada, du Mississippi et du Michigan, eux, n'ont rien trouvé à redire sur son association avec Pansy... Question de surviePour MGM Mirage, qui a failli faire défaut sur son endettement de plus de 13 milliards de dollars, renoncer à Atlantic City pour Macao est une question de survie. L'an dernier, aux Etats-Unis, les revenus du secteur ont plongé de 5,7% à 30,7 milliards de dollars, après une chute de 4,6% en 2008. Dans le même temps, les recettes de Macao, qui bénéficie de l'insolente croissance de la région, ont bondi de 9,6% à 15 milliards de dollars.Et l'année 2010 a si bien commencé pour la péninsule que les analystes estiment que Macao deviendra bientôt la nouvelle capitale mondiale du jeu. En février, les revenus du secteur y ont flambé de 69,4% à 1,68 milliard de dollars par rapport à la période correspondante de 2009. De l'autre côté, si les temps sont durs pour Las Vegas, rien ne va plus à Atlantic City. Le mois dernier, les revenus des établissements de cette ville côtière ont chuté de 16%, à 280 millions de dollars. Coup doubleEn s'arrimant à Macao, MGM Mirage veut faire coup double : profiter de la vitalité de la Chine et s'attirer les faveurs de ses investisseurs. Les analystes de Wall Street estiment que le groupe, dont le premier actionnaire est le milliardaire Kirk Kerkorian, annoncera la cotation de ses activités chinoises sur la Bourse de Hong Kong d'ici à la fin de l'année, afin de lever 500 millions de dollars. Il emboîterait alors le pas à Las Vegas Sands et Wynn Resorts qui ont tout récemment réalisé des opérations analogues.
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