La constitution d'un nouveau leader mondial des produits laitiers mettrait la pression sur Nestlé et Danone

Non ! Contrairement aux dires des mauvaises langues italiennes, Lactalis ne convoite pas seulement le 1,4 milliard d'euros de trésorerie disponible de Parmalat. Le très discret patron, Emmanuel Besnier, est bien plus intéressé par les 35 % de parts de marché du groupe italien dans le lait UHT haute conservation en Italie, ou encore les 13 % qu'il détient dans le yaourt australien sans même parler des 18 % qu'il s'est taillés dans le fromage au Canada.S'il prend le contrôle de Parmalat, le petit-fils du fondateur, président de Lactalis depuis la mort de son père en 2000, fera passer le chiffre d'affaires de l'entreprise familiale de 9,4 à 13,7 milliards d'euros. Une taille critique qui s'impose pour exister face aux distributeurs dans un univers des produits laitiers en consolidation accélérée. Le groupe de Laval, bien que chanceux sur Galbani en 2006 ou l'espagnol Puleva en 2010, vient de laisser passer successivement Entremont et Yoplait. Parmalat est l'une des dernières grosses cibles disponibles.Le groupe italien lui offrirait une complémentarité géographique évidente. Lactalis pourrait consolider sa position de leader mondial du fromage en lançant ses gammes Président ou Galbani en Australie et en Amérique latine. « Grâce aux positions de Parmalat au Canada, il couperait l'herbe sous le pied de son concurrent Bongrain en Amérique du Nord », souligne un analyste. À l'inverse, le lait à marque Parmalat pourra trouver des débouchés dans tous les pays où Lactalis est très présent, comme la France et l'Espagne. « Le groupe disposera de trois grosses marques, Parmalat, Lactel et Puleva, il faudra bien un jour choisir une tête de pont mondiale et seule Parmalat est internationale », analyse un proche du dossier.Les synergies seront également industrielles et marketing. Avec ses laits biologiques et enrichis, Parmalat a beaucoup investi pour développer des innovations à forte valeur ajoutée. La marque pourra demain bénéficier des connaissances de pointes en matière de lait à positionnement santé de l'espagnol Puleva, qui réalise 14 % de marge, deux fois plus que la moyenne du secteur. Enfin, la branche yaourt pourrait croître de 300 millions d'euros, à 1,7 milliard d'euros, faisant de Lactalis le numéro trois de ce marché en plein boom (6 à 7 % de croissance annuelle mondiale) derrière Danone et Yoplait.Comme pour les rachats précédents, Parmalat pourrait garder une certaine indépendance, surtout si les autorités italiennes s'en mêlent. Un avantage pour Lactalis, qui profite de la dynamique des équipes en place. Mais aussi un défi car, après tant d'emplettes, le système de remontée d'information du groupe, la chaîne de distribution ou l'organisation des hommes manquent parfois d'optimisation. S. L.
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