Les monnaies à taux zéro dans l'ornière

changesDollar, livre, yen se livrent à une course-poursuite à qui baissera le plus vite. Et ce n'est pas le fruit du hasard, car ces trois grandes monnaies sont assorties des rendements les plus faibles du monde industrialisé, les taux américains, britannique et japonais, stationnant à des niveaux voisins de zéro. Si le dollar reflue plus rapidement face à ses homologues des antipodes ou du Canada que vis-à-vis de l'euro, la monnaie unique encaisse, elle, le triple choc de la chute simultanée de la « bande des trois ». Hier, le billet vert, qui ne rapporte rien depuis que la Fed a abaissé le taux cible des fonds fédéraux dans une fourchette de 0 % à 0,25 % en décembre dernier, a touché un nouveau point bas de quatorze mois face à l'euro, refluant jusqu'à 1,5064, une fois encore contaminé par des informations en provenance de Chine, le maître d'?uvre de la croisade anti-dollar. Le « Financial News », journal proche de la Banque Populaire de Chine, faisait dire hier à un commentateur que, tout en gardant le dollar comme principal actif de ses pharaoniques réserves de 2.273 milliards de dollars, Pékin devrait accroître le poids de l'euro et du yen dans ce trésor de guerre. Même si l'information n'a rien de révolutionnaire, elle a suffi à redonner un peu de poids aux vendeurs de dollars qui s'essoufflaient en fin de semaine dernière.longue dériveLa livre sterling, de son côté, est restée sous pression hier, après son brutal décrochage de vendredi dans la foulée de l'annonce d'une prolongation de la récession en Grande-Bretagne pour le sixième trimestre consécutif. Même si la livre n'a pas renoué avec son point bas de l'année, touché au milieu de mois, à un peu plus de 0,94 pour 1 euro, elle a dérivé jusqu'à 0,9240. Les stratèges de BNP Paribas lui prédisent une chute à parité avec la monnaie unique avant la fin de l'année, la détestable conjoncture britannique contraignant la Banque d'Angleterre à des mesures supplémentaires d'assouplissement monétaire quantitatif, via son programme de rachat d'actifs. Un ancien membre du conseil des neuf « sages », Wilem Buiter, a même prescrit de ramener le taux directeur à 0 % contre 0,5 % actuellement et de pratiquer des taux de dépôts négatifs, à l'instar de la Suède. Reste le yen, qui ne rapporte que 0,1 % et qui était passé entre les mailles du filet ces derniers temps. Depuis début octobre néanmoins, sa dérive face à l'euro est ininterrompue. La monnaie de l'archipel a touché au cours de la journée d'hier son plus bas niveau depuis août, à 138,45. Au cours des dernières séances, le yen a même reculé vis-à-vis du dollar, pour ne plus valoir lundi que 92,20.Il n'empêche que ces mouvements de change, même s'ils sont concomitants, restent contenus. Ce n'est que s'ils devenaient désordonnés qu'il y aurait réel danger pour la zone euro. Isabelle Croizard
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