La dette japonaise inquiète de plus en plus

Finances publiques200 % : tel est le niveau de la dette publique brute japonaise rapporté au PIB du pays. Ce ratio frappe aujourd'hui de terreur la presse financière mondiale, dix ans après les fameux défauts sur les prêts bancaires qui menaçaient d'envoyer par le fond le système bancaire japonais. Les articles alarmistes se multiplient, avertissant qu'un tel niveau de dette sera bientôt insoutenable. Le parti au pouvoir, issu de l'opposition, a été élu sur la promesse d'un programme social généreux dont le financement n'est plus assuré. En réalité, le niveau de la dette japonaise n'a pas encore atteint sa cote d'alerte. Si les commentateurs se concentrent généralement sur la dette brute, ils omettent de mentionner que la dette nette, elle, à 100 % du PIB, est similaire à celle de nombreux pays dont la santé n'inquiète personne comme la Belgique, la Grèce ou l'Italie. « Voilà vingt ans que la dette nette de la Belgique est à 100 % de son PIB. Cela ne l'empêche pas d'avoir une croissance annuelle d'environ 2,3 % par an », remarque Richard Katz, un des plus grands spécialistes de l'économie japonaise, dans une note à ses clients. taux d'intérêt très bas Le vrai problème de la dette, ce sont les taux d'intérêt extrêmement bas fixés depuis dix ans par la banque centrale du Japon. Pour maintenir à flots une pléthore d'entreprises non rentables et pour faciliter l'investissement malgré la déflation, la banque centrale a rendu le crédit quasi gratuit. Si les entreprises peuvent se financer dans des conditions très favorables, elles sont incitées à emprunter sans discernement. À l'exemple du secteur de la grande distribution, qui n'a cessé de se développer tandis que sa clientèle, victime de la panne démographique que connaît le pays, se réduit chaque année.Contrairement à d'autres nations dépensières, le Japon a beaucoup de difficultés à se discipliner pour contrôler la croissance de sa dette. Signe d'un changement, le nouveau Premier ministre, Yukio Hatoyama, s'est engagé hier à endiguer cette hausse.Pour la première fois, en 2010, les émissions d'obligations dépasseront les recettes fiscales. « Qui achètera les obligations japonaises ? » se demande l'économiste le plus respecté du pays, Nobuyuki Saji, dans une récente étude. Ce sera sans doute là un test de confiance.Régis Arnaud, à Tokyo
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