La Chine joue au chat et à la souris avec le yuan

L'annonce faite par Pékin, le week-end précédant l'été, de la fin de l'arrimage du yuan au dollar, rétabli en juillet 2008 pour faire face à la crise financière, avait suscité tous les espoirs. Enfin, la Chine mettait un terme à son régime de change hyper-interventionniste, qui lui avait fait engranger un record absolu de 2.447 milliards de dollars de réserves de devises, au profit de la flexibilité ardemment réclamée par ses partenaires. Les heures bénies qui avaient suivi la réévaluation de 2005 et allaient permettre une revalorisation de 21 % de la monnaie chinoise en trois ans étaient de retour. Dès la réouverture des transactions lundi dernier, le yuan a connu sa séance la plus faste depuis 2005, pour s'apprécier de 0,43 %. C'est dire qu'il a utilisé quasiment toute la marge de fluctuation de plus ou moins 0,5 % dans laquelle la Banque de Chine l'autorise à varier quotidiennement, montant jusqu'à 6,7960, par rapport au cours quasi fixe de 6,83 à 6,8350 en vigueur depuis deux ans. Las, c'était mal connaître les responsables de Pékin. Dès le lendemain, ils reprenaient d'une main ce qu'ils venaient de concéder de l'autre, pour mieux redonner du grain à moudre aux protagonistes du G20. Vendredi, veille de leur réunion de Toronto, la Chine lâchait à nouveau du lest, laissant le yuan s'apprécier de 0,3 % à 6,7896 pour un dollar au fixage de la banque centrale. Mais tout au long de la semaine, ses responsables n'ont cessé d'égrener leur nouveau credo : désormais le yuan pourra fluctuer plus librement à la hausse... comme à la baisse.Derrière ce jeu du chat et de la souris se dessine néanmoins une nouvelle philosophie. La Chine qui pilote désormais sa monnaie face à un panier de devises, n'a plus d'yeux que pour la seule parité dollar-yuan. Elle se préoccupe aussi du couple euro-yuan, après avoir encaissé une chute de plus de 20 % de la monnaie de la zone euro, devenue son principal débouché à l'exportation. Une fois passée l'échéance du G20, où elle souhaitait faire bonne figure pour ne pas risquer d'être accusée de manipulation du taux de change du yuan, il y a gros à parier qu'elle mettra en oeuvre une nouvelle stratégie. Si l'euro venait à recommencer à se déprécier face au dollar, la Chine mettrait tout en oeuvre pour prévenir une appréciation du yuan face au dollar, voire le faire baisser de concert.
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