Le gaz non conventionnel bouleverse le marché mondial

Tout a commencé sur le gisement de Barnett Shale, dans le nord du Texas. Un site où quelques petites compagnies foraient du gaz dans les années 1990, qui s'est progressivement développé, pour atteindre 200 puits en 2008 ! Avec 600 milliards de mètres cubes de gaz produits l'an dernier, les États-Unis ont sans doute surpassé la Russie. De plus, cette hausse de la production de gaz américaine est intervenue alors même que des capacités de gaz naturel liquéfié (GNL) entraient en service. Sur les marchés, les cours ont donc dégringolé, passant de 13 dollars par MBTU (*) en 2008 à 3,87 dollars le 26 mars 2010, pour la référence américaine. Et la baisse des prix s'est propagée sur les autres marchés. Les cargaisons de GNL du Qatar, du Yémen ou de l'Australie ont en effet dû chercher acquéreur en dehors des États-Unis, ce qui a tiré les prix vers le bas au Royaume-Uni, et dans tous les autres pays disposant d'un port adapté à la livraion de GNL. Conséquence : l'écart des prix qui existait traditionnellement entre États-Unis et Royaume-Uni n'est plus qu'un souvenir : le cours du gaz est lissé internationalement. « L'abondance de l'offre, conjuguée à une baisse de la demande, a bouleversé le marché du gaz. Un énorme fossé s'est creusé entre les cours du gaz et ceux du pétrole, ce qui est totalement inédit ! » assure Ian Cronshaw, responsable de la diversification énergétique à l'Agence internationale de l'énergie. Car le gaz naturel est désormais bon marché : en équivalence énergétique, il coûte 25 dollars par baril, soit un tiers du prix du pétrole.goût amerL'indexation des cours du gaz sur ceux du pétrole, qui reste pratiquée dans les contrats de long terme, laisse un goût amer aux consommateurs. « En 2009, les clients de Gazprom n'ont tiré qu'a minima sur leurs capacités », précise un expert. Les principaux pourvoyeurs de gaz de l'Europe, comme la Russie ou la Norvège, ont accepté de réduire les volumes de livraison obligatoires inclus dans leurs contrats de longs termes, et se contentent des prix du marché pour une partie de leur production.Ce qui pourrait poser problème à terme. Face à la faiblesse de la demande et des cours, les forages sont inégaux. Les coûts de production des gaz non conventionnels s'avèrent plutôt faibles : en incluant la recherche et le développement, certains gisements américains sont rentables à partir de 1,25 dollar par MBTU. Un niveau plus proche des grands gisements du Qatar que des sites russes ou norvégiens, aux coûts d'exploitation relativement élevés. A. R. (*) MBTU : million de British thermal unit.
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