Comment l'État français reste « ? AAA ? »

Avec des recettes qui ne couvrent que la moitié des dépenses, et peu de perspectives d'amélioration, la situation de l'État français est mauvaise. Son déficit sera de 140 milliards d'euros en 2009. Les comptes de la Sécurité sociale seront aussi en déficit. La dette avoisine 1.500 milliards. Comment les agences de rating vont-elles réagir ? Une indication est donnée dans un récent document méthodologique de Moody's sur les États souverains notés AAA (Moody's écrit « Aaa »). L'agence explique que son analyse porte surtout sur le caractère politiquement supportable de la charge de la dette. L'État doit-il honorer sa dette au détriment des autres dépenses publiques ? Pour Moody's, cela dépend du poids des intérêts de la dette dans le budget. S'ils ne dépassent pas 10 % des recettes, le choix sera de les payer, et l'État mérite une note AAA. S'ils dépassent 10 %, la question devient politiquement plus sensible et la note devrait être abaissée à AA ou moins. En France, les intérêts de la dette pèsent 6 % des recettes de l'État et, d'après Moody's, ne s'élèveraient à 10 % que dans un scénario défavorable et pas avant 2012. Les autres critères que sont la liquidité (la possibilité d'emprunter) et la capacité à diminuer la dette (l'équilibre budgétaire) sont moins importants pour les États réputés les plus solvables : tant qu'on paye les intérêts, on trouve des prêteurs. En conclusion, il n'y a pas péril pour la note. On remarque cependant dans l'étude de Moody's certains points qui font dresser l'oreille. D'abord, l'agence admet une certaine circularité du raisonnement : l'État est solvable parce que les intérêts sont faibles, les intérêts sont faibles parce que les taux sont bas, les taux sont bas parce que l'État est solvable. Un tel cercle vertueux peut s'inverser très vite. Deuxièmement, Moody's remarque que les réformes budgétaires nécessaires (car il faut tout de même rembourser) n'ont souvent lieu que le dos au mur. La note est en fait basée sur la conviction qu'il y aura un sursaut le moment venu. Ce qui veut aussi dire qu'il faudra en passer par une crise financière? nPar Maurice de Boisséson (Octo Finances).
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