Le problème budgétaire, priorité du gouvernement Merkel II

AllemagneLe retour au pouvoir après onze ans de la coalition conservatrice et libérale outre-Rhin a ravi hier les milieux économiques et financiers, alléchés par les promesses de baisses d'impôts entendues pendant la campagne. L'indice DAX de la Bourse de Francfort a survolé ses comparses toute la journée. Mais n'y a-t-il pas un brin d'illusion ?« La situation du budget laisse peu de marge de man?uvre au nouveau gouvernement et je ne crois pas que les promesses de baisses d'impôts puissent être tenues », explique Henning Klodt, le directeur du centre de recherches économique de l'institut IfW de Kiel. Rolf Kroker, président de l'institut économique IW de Cologne, affirme que « la réduction du déficit et la baisse de l'endettement seront la priorité du prochain gouvernement ». Pour lui, il y aura certes des marges de man?uvre pour des « allégements ponctuels », mais certainement pas durant cette législature pour « une grande réforme du système fiscal ». Henning Klodt, lui, est plus radical et avance que « des hausses d'impôts sont plus probables que des baisses ». Dans ce cas, le relèvement du taux de la TVA serait « une possibilit頻 qui permettrait de ne pas toucher à la pression fiscale sur les entreprises. Il est surtout probable que la nouvelle coalition procédera à des coupes claires dans les dépenses de l'État. Henning Klodt table sur une réduction de la participation de l'État aux assurances santé et retraite évoquée en campagne par le FDP.question brûlanteBref, il y aura bien une inflexion, mais pas de révolution. « Je ne vois pas venir de rupture claire dans la politique économique », résume Henning Klodt. Malgré la demande insistante de certains milieux économiques, Rolf Kroker ne voit guère la nouvelle coalition toucher radicalement au droit du travail. Selon lui, « le marché allemand de l'emploi n'en a pas besoin et est déjà très flexible ». Reste la question de la place de l'État dans l'économie, devenue brûlante avec la crise. Méfiant à l'égard de l'État, le FDP avait critiqué le soutien de la grande coalition à Opel ou la nationalisation de la banque Hypo Real Estate. « Sur ce point, la CDU est plus éloignée du FDP que du SPD », juge Henning Klodt. Mais Rolf Kroker rappelle qu'aucun des deux partis ne souhaite conserver un État omniprésent. La coalition devrait, malgré des divergences de détails, parvenir à définir une « stratégie de sortie ». Dans ce travail, la question bancaire sera cependant un morceau de choix. Henning Klodt estime que « le FDP pourrait demander la privatisation ou la suppression des Landesbanken », ces banques régionales en grande difficulté souvent protégées par des pouvoirs locaux dirigés par la CDU. On ignore par ailleurs quelle sera la position du FDP face à la question de la régulation, sur laquelle Angela Merkel s'est beaucoup impliquée. « Que feront les libéraux si les grands banquiers refusent une trop forte régulation ? » s'interroge ainsi Henning Klodt. L'influence des libéraux déterminera donc en grande partie l'inflexion de la politique économique allemande. Mais Angela Merkel, après quatre ans de grande coalition et la gestion d'une crise économique majeure, ne ressemble plus beaucoup à la « Margaret Thatcher allemande » qu'elle était en 2005. Elle pourrait donc s'attacher à freiner les ardeurs réformatrices de ses alliés.
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