L'électorat modeste boude le SPD

Depuis des mois les sondages ne laissaient rien présager de bon pour le Parti social-démocrate (SPD) allemand. Mais en perdant 11 points (23 % des voix exprimées dimanche contre 34,2 % il y a quatre ans), le SPD est tombé à son niveau le plus bas depuis la création de la République fédérale d'Allemagne il y a soixante ans. Alors qu'en 2005 le chancelier social-démocrate sortant Gerhard Schröder avait réussi à rassembler 16 millions de voix, dimanche, son disciple, Frank-Walter Steinmeier, n'a pu compter que sur moins de 10 millions de suffrages. « Nous avons perdu un grand contingent avec les abstentionnistes », reconnaît Franz Müntefering, le président du SPD. D'après une analyse de la chaîne publique de télévision ARD, 1,64 million d'électeurs du SPD ont préféré cette fois-ci ne pas voter. Presque autant ont choisi de donner leur voix à deux petits partis concurrents, l'extrême gauche de Die Linke et les écologistes.crédibilit髠Le SPD s'est si éloigné des couches pauvres, des plus modestes, que les ponts sont coupés », résume Franz Walter, professeur à l'université de Göttingen dans un entretien au quotidien « Taz ». Pour son collègue, le politologue Peter Lösche, le SPD a souffert non seulement de la concurrence de Die Linke, faisant dans la surenchère sur les thèmes de l'État providence, mais « aussi des conservateurs de la CDU qui se sont dotés d'un profil social-démocrate ». D'ailleurs, les ouvriers allemands ont avant tout voté CDU (28 %) puis 24 % d'entre eux SPD, contrairement à la tradition. En somme, à un moment où tous les partis, à l'exception des libéraux du FDP, ont puisé dans le fonds de commerce du SPD, à savoir l'intervention de l'État dans l'économie et le social, les sociaux-démocrates n'ont pas réussi à défendre leurs positions traditionnelles. « Le SPD a depuis longtemps un problème de crédibilité, qui a entraîné le départ d'une partie de ses électeurs traditionnels sans réussir à attirer vers lui de nouveaux groupes d'électeurs », explique Oskar Niedermayer, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Berlin. Dans la débâcle, l'actuelle direction du parti assurée par le candidat malheureux à la chancellerie, Frank-Walter Steinmeier, ne semble pas remise en cause. « Car il n'y a personne d'autre », disent les mauvaises langues. Après onze ans au pouvoir, Steinmeier devra jouer le rôle d'opposant numéro un à Angela Merkel. Au congrès du parti prévu à la mi-novembre à Dresde, les débats s'annoncent houleux. Et Franz Müntefering devrait céder la présidence du parti : hier, il a proposé de remettre son poste en jeu.Frank Paul Weber, à Berl
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.