La décennie des nanotechs

Nanotechnologies. Voilà un nouveau terme qui fera bientôt parti de notre quotidien. Nano, parce que l'échelle de référence est le nanomètre, soit un milliardième de mètre. Technologies, parce que les manipulations de la matière à l'échelle atomique ne sont plus l'apanage des seuls chercheurs dans leur laboratoire : les avancées scientifiques font désormais l'objet de développements industriels. Quelque 800 produits incorporent aujourd'hui des éléments nanostructurés. Et d'autres sont en phase de développement dans des domaines aussi variés que la santé, l'énergie ou le traitement de l'eau.Certains spécialistes comparent l'émergence des nanotechnologies avec des innovations de rupture comme l'invention de l'électricité ou celle du moteur à explosion ! À l'échelle de l'atome et de la molécule, la matière présente des propriétés physiques et chimiques spécifiques : meilleure résistance mécanique, conductivité thermique ou électrique améliorée. On comprend mieux l'intérêt des industriels pour maîtriser ces procédés révolutionnaires. L'incorporation de nanoparticules dans des matériaux existants permet de gagner en légèreté et en résistance, conférer des propriétés particulières (hydrophobie, absorption des UV) : un béton nanostructuré sèche plus vite qu'un béton ordinaire, une raquette de tennis constituée de nanotubes de carbone est plus légère, plus souple et plus résistante, les nanocristaux d'argent sont utilisés comme barrière antimicrobienne par les fabricants de pansements? Les éléments qui constituent un véhicule vont être profondément modifiés dans les années à venir (lire ci-dessous).miniaturisation recordC'est grâce au progrès technologique de l'électronique que le nanomonde a révélé ses secrets. En 1981, des chercheurs d'IBM inventent le microscope à effet tunnel : la barrière de l'atome est franchie. C'est donc tout naturellement que les avancées technologiques dans ce domaine de recherche ont été testées dans l'électronique : les microprocesseurs ont connu un gain de puissance et une miniaturisation record avec des composants conçus à l'échelle du nanomètre.Les nanotechnologies vont redynamiser des industries à la recherche d'un second souffle. Les estimations les plus optimistes prévoient que le marché mondial de l'industrie des nanotechnologies atteindra 1.800 milliards d'euros d'ici à 2015 et que des millions d'emplois seront créés dans le monde. Ces perspectives alléchantes suscitent une intense compétition en matière de recherche et développement menée par les États-Unis mais aussi la Chine et la Russie. Ces dernières années, la Chine a investi massivement dans la recherche. En 2005, elle a dépassé le Japon en termes de publications scientifiques. En 2006, la recherche chinoise représentait 16,6 % des publications sur les nanotechnologies juste derrière les États-Unis (17,4 %). Pour la France, il y a urgence à agir, car si la recherche fondamentale hexagonale est de bon niveau (la France se classait au 5e rang mondial des publications scientifiques en 2006), le transfert technologique reste médiocre (seuls 2 % des brevets mondiaux sont français). Les fonds dédiés par l'Union européenne aux nanotechnologies s'élevaient à 530 millions d'euros en 2006, à comparer aux 1,7 milliard de dollars des États-Unis et aux 1,6 milliard de dollars consacrés par les pays de la zone Asie (Japon, Corée du Sud, Chine, Taiwan, Inde). Les pouvoirs publics français semblent avoir pris la mesure du défi à relever, même si certains spécialistes redoutent que l'industrie française ait déjà raté le train des nanotechnologies.problèmes de santéLe défi des années à venir sera aussi de mener des études fiables sur les risques sanitaires liés à l'absorption de nanoparticules ou à leur dissémination dans l'environnement. Car si les nanotechnologies n'ont pas encore envahi l'industrie alimentaire, les secteurs des cosmétiques, du textile ou certains médicaments anticancéreux intègrent des produits nanostructurés. Un des engagements du Grenelle de l'environnement était d'ouvrir un débat national sur les développements de ces nouvelles technologies pour lister les problèmes de santé publique et les questions éthiques qu'elles soulèvent. Dix réunions publiques d'information sur dix-sept prévues ont déjà eu lieu qui contribuent à mieux faire connaître les dessous de cette révolution invisible.
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