La « guerre du hareng » aura-t-elle lieu ?

Semaine cruciale pour les Iles Féroé. L\'Union européenne doit, avant jeudi, décider si elle engage l\'épreuve de force avec ce territoire officiellement dépendant du Danemark, mais qui ne fait pas partie de l\'UE. En cause : la politique de pêche de cet archipel de moins de 50.000 habitants.Les Féroé ont triplé leurs quotas de harengsEn théorie, selon les recommandations des Nations Unies, les îles Féroé doivent décider des quotas de pêche de harengs et de maquereaux en accord avec les pays voisins : Norvège, Islande et Union européenne. Mais les Féroé et l\'Islande ont refusé les exigences de la Norvège et de l\'UE qui ne leur laissent, à chacun, que 5 % de l\'ensemble du volume des poissons que le Conseil international de l\'exploration des mers (CIEM) juge soutenable. Du coup, depuis 2010, ces deux pays ont décidé de fixer des quotas de pêche unilatéraux pour les maquereaux. Cette année, les Féroé ont triplé le volume de harengs qui peut être pêché par leurs navires, à 105.700 tonnes, soit 17 % de l\'ensemble de la pêche de harengs dans l\'Atlantique nord.Querelle sur la politique de pêchePlusieurs pays de l\'Union européenne comme l\'Irlande, l\'Espagne, la France et le Royaume-Uni estiment qu\'il s\'agit d\'une concurrence déloyale au moment où l\'UE, pour des raisons écologiques, tentent de limiter les volumes de pêche. Ces pays mettent en avant le danger de surpêche et de menaces sur les espèces. Ils jugent la politique des Féroé « irresponsable. » Mais le gouvernement de l\'archipel s\'appuie sur une étude du CIEM qui indique que les harengs migrent de plus en plus vers les eaux territoriales féroïennes. Du coup, Thorshavn (la capitale de l\'archipel) réclame une répartition des quotas « plus juste. »Vers un boycott de l\'UE ?Le risque pour les Féroé, c\'est que la Commission décide de bannir l\'ensemble des importations de harengs et de maquereaux. Une menace qui concerne aussi l\'Islande. Certes, le ministre de la pêche des Iles Féroé, Jacob Vestergaard, s\'est montré serein et a prévenu que son pays vendra simplement ses poissons sur d\'autres marchés. Mais ce n\'est évidemment pas si simple. Car la pêche compte pour 87 % des exportations féroïennes et les maquereaux et harengs pour un quart du total. Surtout, les bateaux de pêche féroïens ne pourront plus faire de haltes dans les ports de l\'UE, ce qui compliquera singulièrement leur tâche.L\'inquiétude danoiseLe Danemark tente de jouer les médiateurs. Il met en garde contre des sanctions qui pourraient déstabiliser l\'économie de l\'archipel. Or, Copenhague attribue déjà une subvention aux Féroé équivalent à 6 % du PIB de ce qui, depuis 1948, est une « nation au sein de la communauté royale du Danemark. » Par ailleurs, les jeunes Féroïens sans emplois sont nombreux à rejoindre la métropole. Les Danois craignent donc de devoir payer les pots cassés, mais il n\'est pas sûr que leur volonté modératrice soit suffisante pour faire fléchir l\'UE.  
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